Kamala Harris se met à dos un collectif de femmes musulmanes
En raison de l'absence d'un orateur américano-palestinien à la convention démocrate, le collectif Muslim Women for Harris-Walz s'est dissout et a retiré son soutien à la candidate. La situation à Gaza est déterminante pour l'électorat arabo-musulman aux États-Unis.
«Nous ne pouvons pas, en toute conscience, poursuivre le mouvement Muslim Women for Harris-Walz, à la lumière de ces nouvelles informations provenant du mouvement Uncommitted, selon lesquelles l'équipe de la vice-présidente Harris a refusé leur demande de faire monter sur scène un orateur américano-palestinien au DNC», peut-on lire dans le communiqué du groupe publié sur Instagram le 22 août.
Le troisième et dernier soir de la convention nationale démocrate, le groupe Muslim Women for Harris a publié cette déclaration annonçant sa dissolution en réponse au refus de la campagne Harris-Walz de permettre à un Palestinien de s'exprimer sur la scène principale.
Les militants pro-palestiniens et les groupes alliés ont exigé que la vice-présidente américaine Kamala Harris s'engage à réduire l'aide militaire à Israël et à faire pression pour un cessez-le-feu à Gaza. Ils avaient prévu d'exprimer leur position lors de la DNC, qui s'est achevée le 22 août.
Alors que la convention démocrate avait invité sur scène la famille d'un otage américano-israélien Hersh Goldberg-Polin pour demander la libération des détenus, les dirigeants du mouvement s'attendaient à la prise de parole d'un ou d'une américano-palestinienne. «Aucun Américain d'origine palestinienne n'a encore pris la parole. Le Comité national démocrate nous a répondu «non» mais nous ne l'acceptons pas comme décision définitive», avait fait remarquer Abbas Alawieh, l'un des dirigeants du groupe.
Kamala Harris va-t-elle perdre le vote arabo-musulman ?
Celui-ci a exprimé son regret, jugeant la décision «inacceptable» : «Nous pensons que c'est le parti où nous ne devrions pas faire taire les voix des gens.»
Au cours de la convention démocrate, des manifestations en faveur de la Palestine ont eu lieu à l'extérieur. Ilhan Omar, membre du Parti démocrate et représentante du Minnesota au Congrès des États-Unis, a rejoint la manifestation pendant un certain temps, et Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate du 14e district de New York, a soutenu le sit-in via FaceTime. Ce sit-in a eu lieu après que le groupe anti-guerre a été informé qu'un Palestinien ne serait pas autorisé à prendre la parole sur la scène.
Alors que la politique de Joe Biden est fortement critiquée pour sa passivité à l'égard de la crise au Moyen-Orient, et que Washington n’a pas cessé de fournir des armes à Israël, le vote musulman pourrait ne pas aller en direction du Parti démocrate. Dans un sondage réalisé par le New York Times mi-mai, plus de 70% de l'électorat arabo-musulman affirmait que la situation à Gaza représentait leur principale priorité électorale. Au niveau national, les communautés issues d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient représentent 3,5 millions de personnes, soit seulement 1% de la population totale du pays.
Lors de son discours devant le Comité national démocrate (DNC) le 22 août, Kamala Harris a déclaré que la Maison Blanche «travaillait 24 heures sur 24» pour obtenir la libération des derniers otages israéliens détenus par le Hamas et pour parvenir à un «accord de cessez-le-feu». Dans le même temps, la candidate démocrate à la présidentielle a réaffirmé qu’elle «veillerait toujours à ce qu’Israël ait la capacité de se défendre».