BRICS : la Turquie a déposé une demande d’adhésion
Un porte-parole du parti au pouvoir en Turquie a confirmé qu’Ankara avait soumis une demande d’adhésion aux BRICS, dirigés cette année par Moscou. L’élargissement de l’organisation pourrait être abordé lors de son prochain sommet des chefs d’État, fin octobre à Kazan. C’est la première fois qu’un membre de l’OTAN fait une telle demande.
La Turquie est devenue le premier membre de l’OTAN à déposer une demande d’adhésion aux BRICS. Ébruitée la veille par Bloomberg, un porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP) a confirmé l’information ce 3 septembre.
«Notre président a plusieurs fois déclaré que nous voulions devenir membre des BRICS. Sa demande sur cette question est claire. Le processus est en cours», a déclaré à la presse Ömer Çelik, le porte-parole du parti au pouvoir. «Cependant, il n'y a pas de réponse concrète. S'il y a un développement concret, comme une décision prise par les BRICS, nous le partagerons avec vous», a-t-il ajouté.
Selon Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier ayant requis l’anonymat, cette demande turque remonterait à plusieurs mois. «Le point de vue de l'administration du président Recep Tayyip Erdogan est que le centre de gravité géopolitique se déplace des économies développées», a rapporté l’agence américaine.
La Turquie «frustrée» par les Occidentaux
Cette demande s’inscrit dans la volonté d’Ankara «de cultiver des liens avec toutes les parties du monde multipolaire», ont confié à Bloomberg ces mêmes sources. Elles ont également assuré que la Turquie continuerait à remplir ses obligations en tant que membre de l’OTAN, bloc militaire piloté par les États-Unis, dont elle est membre depuis 1952.
Au-delà de la recherche d’une plus grande autonomie stratégique, cette demande turque serait également motivée par la «frustration» des autorités turques vis-à-vis de leurs actuels alliés occidentaux.
Contacté par Newsweek, un ancien diplomate turc a également fait part de «frustrations accumulées» auprès de l’Occident. «Ce n’est pas la stratégie d’Ankara pour remplacer l’Occident, mais c’est une stratégie pour renforcer les relations avec les puissances non occidentales à un moment où l’hégémonie américaine est en déclin», a déclaré au magazine américain Sinan Ülgen, directeur du Centre d'études économiques et de politique étrangère (EDAM), un think tank basé à Istanbul.
Les BRICS, groupe en pleine expansion
Sinan Ülgen a notamment rappelé l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE entamées en 2005. Celui-ci s’interroge toutefois sur la marge de manœuvre d’Ankara, au «coût politique» d’une telle adhésion vouée à être perçue comme un éloignement d’Ankara vis-à-vis des chancelleries occidentales.
L’élargissement des BRICS pourrait être abordé lors du prochain sommet de ses chefs d’État, qui doit avoir lieu à Kazan du 22 au 24 octobre. La communauté économique est en effet présidée cette année par la Russie, l’un de ses membres fondateurs. L’année 2024 a déjà été marquée par un élargissement historique à plusieurs pays, dont les Émirats arabes unis et l’Iran.
Avant cet élargissement, les cinq pays du groupe affichaient un PIB de 58 900 milliards de dollars (33,5% du PIB mondial), tandis que ceux du G7 pesaient 5 000 milliards de moins.