En Europe, un musulman sur deux aurait subi des discriminations «déshumanisantes»
Les discriminations «déshumanisantes» contre les musulmans sont en forte augmentation dans 13 pays d’Europe, selon un rapport de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, qui a appelé à «appliquer des sanctions plus sévères» contre ces «crimes de haine».
Un musulman sur deux a été victime de discrimination ces cinq dernières années dans 13 pays de l'Union européenne (UE), selon une enquête publiée le 21 octobre par l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, intitulée «Être musulman dans l'UE».
Selon cette enquête, précisément 47% des musulmans auraient subi des discriminations de 2017 à 2022, alors qu’ils étaient 39% lors de la précédente étude menée en 2016. L’enquête déplore ainsi une montée «inquiétante» de ces «crimes de haine» qualifiées de «déshumanisants».
Dans le détail, les pays dans lesquels les musulmans seraient les plus exposés à des discriminations islamophobes sont l'Autriche (71%), l'Allemagne (68%) et la Finlande (63%), suivis par le Danemark (61%), le Luxembourg (60%).
Les Pays-Bas (55%), la Belgique (53%) et l’Irlande (45%) se situent aux alentours de la moyenne européenne (47%) tandis que près d’un musulman sur trois aurait été victime d’islamophobie en France (39%), en Italie (34%) et en Espagne (30%).
La Suède affiche le «meilleur» résultat dans cette enquête, avec 22%, soit un musulman sur cinq qui aurait été victime de discrimination pendant la période étudiée.
«Appliquer des sanctions plus sévères»
De manière générale, «les musulmans sont pris pour cible non seulement en raison de leur religion, mais aussi en raison de la couleur de leur peau et de leur origine ethnique ou immigrée», note l’enquête, soulignant toutefois que les musulmans originaires d’Afrique subsaharienne sont plus exposés aux discriminations racistes, ainsi que «les jeunes musulmans nés dans l'UE» et les «femmes portant des vêtements religieux».
Sur le plan professionnel, deux musulmans sur cinq (41%) «sont surqualifiés» pour exercer leur emploi, contre une moyenne de 22% parmi la population générale, relève l’étude, soulignant que les musulmans sont le plus souvent victimes de discrimination lorsqu’ils recherchent un emploi (39%) ou sur le lieu de travail (35%), contre respectivement 31% et 23% en 2016.
Selon l’enquête, cela a des répercussions sur d’autres domaines de la vie, tels que le logement, l’éducation ou les soins de santé, ainsi que sur le niveau de vie général.
Par ailleurs, toujours selon la même source, près de la moitié (49%) des interpellations de personnes musulmanes par la police au cours de l’année précédente étaient dues à «un profilage racial».
Parmi ses recommandations, en conclusion de cette enquête, l'Agence des droits fondamentaux a appelé l’Union européenne à «faire appliquer correctement la législation en matière de lutte contre la discrimination» et à appliquer «des sanctions plus sévères en cas de discrimination et de crimes de haine».