Trump revendique avoir «mis fin» au Nord Stream 2, le Kremlin exprime ses doutes
Donald Trump a récemment déclaré qu’il avait «mis fin» au gazoduc Nord Stream 2, suscitant une réaction sceptique de Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Celui-ci a relativisé l'assertion de Trump, y voyant une déclaration «exagérée» en pleine campagne électorale américaine.
Lors d’un entretien accordée à Tucker Carlson diffusé dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, Donald Trump a déclaré avoir «mis fin» au projet de gazoduc Nord Stream 2 lors de son mandat, affirmant que les accusations de sympathie pro-russe à son égard étaient infondées : «J’y ai mis fin. Personne d'autre ne l'a fait, mais moi je l'ai fait. Je l'ai arrêté», a-t-il insisté.
Cette déclaration du candidat républicain à la Maison Blanche a rapidement été commentée par Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, qui s’est montré sceptique quant aux propos de Donald Trump. Selon Peskov, la déclaration semble dictée par «la fièvre électorale» aux États-Unis. «Il est difficile de supposer ce que M. Trump voulait dire», a-t-il ajouté, précisant que la construction de Nord Stream 2 avait été achevée et qu’un tronçon du gazoduc était prêt à être mis en service.
Les propos de Donald Trump font référence aux sanctions qu’il avait imposées en 2019 contre les entreprises impliquées dans la construction de Nord Stream 2, entraînant une interruption temporaire des travaux. Néanmoins, le projet a finalement été achevé en septembre 2021 grâce à des ressources russes.
Cependant, en raison de l'opération militaire russe en Ukraine, qui a commencé en février 2022, l’Allemagne a gelé le projet avant même son lancement commercial. Les relations entre l’Europe, la Russie et les États-Unis se sont alors dégradées, et le 26 septembre 2022, plusieurs explosions ont gravement endommagé les deux pipelines de Nord Stream en mer Baltique.
Des propos «extravagants et émotionnels», selon Peskov
Le porte-parole du Kremlin a jugé que les propos de Trump étaient «extravagants et émotionnels», rappelant qu’ils se situent dans un contexte électoral intense, où les candidats n’hésitent pas à faire des déclarations choc pour capter l’attention de l’électorat : «La course électorale actuelle pousse les candidats à s’accuser mutuellement, ce qui ne correspond pas à notre culture politique», a-t-il ajouté en insistant sur le fait que les accusations de sabotage et de blocage définitif de Nord Stream 2 sont infondées.
En 2022, les explosions des gazoducs Nord Stream, qui relient la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique, ont été une grande source de tensions géopolitiques, et ont été qualifiées par Moscou d’acte de «terrorisme international».
Selon une enquête du journaliste Seymour Hersh, les États-Unis auraient planifié ce sabotage lors des exercices de l'OTAN Baltops 2022, et l'exécution aurait été réalisée avec l’aide de plongeurs norvégiens. Le président américain Joe Biden aurait pris cette décision par crainte que l'Allemagne ne s'engage fermement à soutenir l'Ukraine.
Cependant, Washington nie toute implication dans ces explosions, et des médias américains et allemands ont également avancé une «piste ukrainienne». Une version loin de convaincre la diplomatie russe.