La Commission européenne annonce la fin des importations de gaz russe d’ici 2027

Bruxelles propose un plan de rupture énergétique totale avec la Russie d’ici fin 2027, interdisant les nouveaux contrats gaziers dès 2026 et forçant les États membres à rompre les accords existants. Malgré les protestations de plusieurs pays, l’UE entend imposer cette décision sans possibilité de veto par des pays comme la Hongrie ou la Slovaquie.
La Commission européenne a officialisé le 17 juin 2025 sa volonté d’interdire toute importation de gaz russe dans l’Union européenne à partir de la fin de l’année 2027. Ce plan prévoit plusieurs étapes : dès le 1ᵉʳ janvier 2026, les États membres ne pourront plus signer de nouveaux contrats pour importer du gaz russe. Les accords à court terme devront cesser au plus tard le 17 juin 2026. Quant aux contrats à long terme, ils devront être rompus avant le 31 décembre 2027.
« Notre proposition signifie qu’il n’y aura plus aucun combustible russe sur notre marché à partir de fin 2027 », a affirmé le commissaire européen à l’énergie, Dan Jorgensen.
Ce dernier a précisé que cette mesure restera valable même en cas de fin du conflit en Ukraine. Le projet est présenté, selon lui, non pas comme une sanction, mais comme une nouvelle « norme commerciale ». Cette décision devrait être adoptée à la majorité qualifiée, afin d’empêcher tout veto de pays comme la Hongrie ou la Slovaquie.
Une opposition de plusieurs pays européens
Ces deux pays, fortement dépendants des livraisons russes par gazoduc via la Serbie et la Turquie, ont déjà exprimé leur opposition. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a souligné les risques pour l’économie du pays. Le 16 juin, la Hongrie et la Slovaquie ont même bloqué une tentative d’approbation anticipée du plan.
De son côté, l’Autriche a demandé à Bruxelles de laisser ouverte la possibilité de reprendre les importations en cas de paix. Mais la Commission reste ferme : « Ce n’est pas une sanction, c’est un règlement commercial. Il ne sera pas annulé automatiquement en cas de paix », a réitéré Dan Jorgensen lors d’une conférence à Luxembourg, le 17 juin 2025.
L’Union s’appuie sur la stratégie REPowerEU, lancée en 2022, pour justifier cette rupture. Elle prévoit de remplacer le gaz russe par du GNL venu des États-Unis ou du Qatar.
Selon Alexandre Frolov, rédacteur en chef d’InfoTEK, un portail russe spécialisé dans l’analyse du marché énergétique, le plan européen est « discutable ». Pourtant, Bruxelles continue d’ignorer les avertissements : « Les risques de déséquilibre augmentent, la reprise économique devient plus incertaine, et la sécurité énergétique pour les consommateurs finaux diminue », a-t-il déclaré, cité par TASS.
Réaction russe
En 2025, la Russie représente encore 16,5 % des importations gazières de l’UE, qui a payé environ 5,4 milliards d’euros pour le gaz russe entre janvier et avril 2025, selon les données. Pourtant, Bruxelles veut aller plus loin : la Commission exige désormais que les États membres invoquent des clauses de « force majeure » pour annuler les contrats en cours, évitant ainsi d’éventuelles pénalités financières.
Du côté russe, la décision européenne ne changera pas les perspectives d’exportation du pays, qui prévoit d’augmenter ses ventes vers la Chine et l’Asie centrale. La consommation intérieure devrait également croître, selon les prévisions nationales.
Selon des experts russes du marché énergétique, cités par le journal Izvestia, cette décision risque de fragiliser l’Europe elle-même, qui se détourne d’un fournisseur historique au profit de sources plus chères et moins avantageuses sur le long terme. Bruxelles verra donc ses prix de l’énergie grimper davantage.
Malgré l’absence de solution de rechange claire et les protestations internes, l’UE a décidé d’acter la fin de l’approvisionnement en gaz russe d’ici fin 2027.