Le Hezbollah «ne restera pas silencieux éternellement »

Naïm Qassem menace de répondre aux violations israéliennes mais adopte une stratégie prudente, évitant l’escalade militaire. Affaibli par les récents conflits, le Hezbollah mise sur la diplomatie et l’Accord de Taëf. Les pressions internationales pour son désarmement compliquent sa position.
Le 29 juin 2025, Naïm Qassem, secrétaire général du Hezbollah, a prononcé un discours musclé mais mesuré, à l’occasion du mois de mouharram précédant Achoura, période clé pour la communauté chiite commémorant le martyre de l’imam Hussein.
Selon L’Orient-Le Jour, Naïm Qassem a déclaré que le Hezbollah « ne restera pas silencieux éternellement » face aux violations israéliennes quasi-quotidiennes au Liban, notamment les survols de drones et les frappes ciblées dans le Sud. « Tout cela a des limites. Vous nous avez mis à l’épreuve, essayez encore ! », a-t-il lancé, dans une rhétorique de défi.
Le Hezbollah mise sur la prudence
Pourtant, cette posture cache une stratégie prudente, dictée par un contexte régional et interne complexe. Depuis la guerre de 12 jours entre Israël et l’Iran, conclue par un cessez-le-feu le 24 juin, le Hezbollah navigue entre pressions internationales et défis internes. Les appels au désarmement, portés par des figures comme Thomas Barrack, émissaire américain, et des partis libanais comme les Forces libanaises, s’intensifient. Richard Kouyoumjian a critiqué Naïm Qassem : pour lui, ses propos « appartiennent au passé », il est temps de rendre les armes à l’armée libanaise.
Malgré ces tensions, le Hezbollah évite l’escalade militaire. Qaïm Kassem, tout en réaffirmant son soutien à l’Iran, insiste sur une « résistance » adaptée, sans préciser d’actions concrètes. Cette retenue s’explique par les pertes subies lors des récents conflits : 64 jours d’affrontements intenses ont affaibli ses capacités, avec 57 millions de dollars distribués à 170 000 familles pour compenser destructions et déplacements.
Le Hezbollah mise sur une approche politique, s’appuyant sur l’Accord de Taëf et son rôle dans l’élection du président Joseph Aoun. Naïm Qassem revendique une place centrale dans l’État libanais, tout en évitant un conflit ouvert qui risquerait d’isoler davantage le parti.
Les nombreuses violations israéliennes sont dénoncées, mais le Hezbollah privilégie pour l’heure la diplomatie et la rhétorique, conscient des enjeux liés à la proposition américaine de Thomas Barrack, qui exige son désarmement. Cette stratégie prudente reflète un équilibre fragile entre affirmation de la « résistance » et préservation de l’influence politique dans un Liban en crise.