États-Unis : jusqu’à 15 000 dollars de caution exigés pour les voyageurs du Malawi et de la Zambie

Dès le 20 août, les agents consulaires américains vont exiger une caution de plusieurs milliers de dollars aux ressortissants du Malawi et de la Zambie demandant un visa pour les États-Unis. Un montant qui sera «déterminé lors de l’entretien de visa», a précisé la diplomatie américaine.
Le Département d'État américain a annoncé le 5 août la mise en place, à compter du 20 août, d’un programme pilote d’un an imposant le versement d’une caution « de 5 000, 10 000 ou 15 000 dollars » aux ressortissants du Malawi et de la Zambie sollicitant un visa de type B‑1 (affaires) ou B‑2 (tourisme), deux visas qui autorisent un séjour maximal de six mois.
Le montant sera décidé lors de l’entretien consulaire, en fonction du profil du demandeur. Cette caution est restituée si le visiteur respecte les conditions de séjour, quitte le territoire américain à la date prévue ou ne se rend pas aux États-Unis malgré l’émission du visa. « Une caution ne garantit pas la délivrance d’un visa et si une personne paie des frais sans y avoir été invitée par un agent consulaire, cet argent ne sera pas restitué », a averti le Département d’État.
« Cette mesure ciblée et de bon sens renforce l’engagement de l’administration envers la législation américaine sur l’immigration tout en dissuadant les dépassements de visa », a déclaré lors d’un point presse Tammy Bruce, porte-parole de la diplomatie américaine, invoquant le décret présidentiel intitulé « Protéger le peuple américain contre l’invasion ».
Le choix de ces deux pays se fonde sur des taux élevés de dépassement de séjour enregistrés en 2023 : près de 14,3 % pour le Malawi et 10,45 % pour la Zambie, selon les statistiques du Département de la Sécurité intérieure (DHS).
Une « extorsion légalisée »
Les voyageurs concernés devront impérativement entrer et sortir des États-Unis via les aéroports Boston Logan, New York John F. Kennedy ou Washington Dulles, a précisé le Département d’État. Toute arrivée ou départ via un autre aéroport pourrait entraîner un refus d’entrée ou une absence d’enregistrement du départ.
« Il ne s’agit pas de sécurité nationale, mais d’instrumentaliser la politique d’immigration pour extorquer des visiteurs vulnérables, punir les pays défavorisés et transformer en paywall le tapis rouge de l’Amérique », a fustigé dans un communiqué Robert S. McCaw, directeur des affaires gouvernementales du Council on American Islamic Relations (CAIR), dénonçant une « extorsion légalisée ».
Un porte-parole du département d’État a déclaré auprès de Reuters – sous couvert d’anonymat – que le choix des pays allait s’effectuer en fonction des « taux élevés de dépassement de visa, de déficiences dans les procédures de contrôle et de vérification, de préoccupations relatives à l’acquisition de la citoyenneté par investissement sans exigence de résidence, ainsi que d’autres considérations de politique étrangère ». Ainsi, a-t-il ajouté, cette mesure pourrait s’élargir à d’autres pays.
Toujours selon les statistiques de 2023 du DHS, le taux de dépassement de séjour était de 31,38 % pour les Haïtiens, 34,77 % pour les Laotiens et 49,54 % pour les Tchadiens.