Élections en Moldavie : la victoire contestée du régime Sandu avec 50,16 % ravive les tensions

En Moldavie, la Commission électorale centrale a annoncé la victoire du PDS de Maia Sandu avec 50,16 % des voix, notamment grâce aux votes de la diaspora. L’opposition, qui dominait dans les bureaux de vote à l’intérieur du pays, rejette les résultats, dénonce des fraudes massives et mobilise dans la rue pour réclamer leur annulation.
En Moldavie, les élections parlementaires du 28 septembre ont ravivé la crise politique. Selon les données de la Commission électorale centrale publiées le lendemain, le PDS, parti pro-européen fondé par la présidente Maia Sandu, conserve une courte majorité avec 50,16 % des voix. Ce résultat, cependant, repose en grande partie sur le vote de la diaspora. À l’intérieur du pays, les forces d’opposition réunies dans le Bloc patriotique dépassaient le PDS, totalisant 49,54 % contre 44,13 %.
Le principal soutien au PDS est venu de l’étranger, où le parti a obtenu plus de 85 % des voix dans certains pays occidentaux. En revanche, en Russie, où résident plusieurs centaines de milliers de Moldaves, seuls deux bureaux de vote ont été ouverts, empêchant des milliers d’électeurs d’exercer leur droit. « Leur voix a été tout simplement volée », a déclaré la députée russe Aliona Archinova.
Opposition exclue, fraudes dénoncées
Le climat électoral a été marqué par de nombreuses irrégularités. Angelica Caraman, présidente de la CEC, a reconnu l’existence de 236 infractions, parmi lesquelles propagande illégale, transport d’électeurs, corruption électorale ou encore intimidation. Selon Vasilii Tarlev, ancien Premier ministre et dirigeant du parti « Avenir de la Moldavie », « le pouvoir a utilisé l’appareil d’État pour écraser l’opposition ». Des milliers de perquisitions et des dizaines de milliers de sanctions ont visé des opposants pendant la campagne.
Plusieurs partis ont été interdits ou disqualifiés, parfois à la veille du scrutin, notamment le bloc « Victoire » d’Ilan Shor, qui a dénoncé « des élections manifestement falsifiées ». L’ex-dirigeante de Gagaouzie, Irina Vlah, a qualifié le scrutin de « farce » orchestrée de bout en bout par le régime. Le vice-président du parlement, Vlad Batrincea, a également affirmé que « plus de 20 % des électeurs n’ont pas voté par peur des représailles ».
Par ailleurs, les observateurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ont eux-mêmes reconnu que des obstacles avaient empêché les électeurs de Transnistrie d’accéder aux bureaux de vote. Ce constat, émanant d’une institution pourtant favorable à l’intégration européenne de la Moldavie, confirme les critiques formulées par l’opposition.
Mobilisation dans les rues, tensions avec la Russie
L’opposition a immédiatement contesté les résultats. Igor Dodon, ancien président et figure du Bloc patriotique, a affirmé que « l’opposition a gagné dans le pays » malgré les manœuvres du pouvoir. Il a appelé à une manifestation pacifique ce 29 septembre à Chisinau. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel. Des provocateurs pro-régime ont été rapidement éloignés du rassemblement.
Les leaders de l’opposition ont déclaré ne pas reconnaître les résultats et ont entamé des recours auprès de la CEC, avec l’intention d’aller jusqu’à la Cour constitutionnelle. « Jusqu’à ce que toutes les irrégularités soient traitées, nous ne reconnaîtrons aucun résultat », a affirmé Dodon.
Alors que l’Union européenne a salué la victoire du PDS, la Russie s’est montrée prudente. Dmitri Peskov a souligné que les autorités moldaves « refusent tout dialogue » avec Moscou, ce qui compromet toute tentative de résolution dans la région, notamment concernant la Transnistrie. Selon lui, « il est prématuré de commenter ces élections » tant que les forces politiques moldaves n’ont pas toutes exprimé leur position.