L’Union européenne silencieuse sur la responsabilité d’Israël dans la reconstruction de Gaza

Alors qu’elle pousse à la confiscation d’actifs russes pour financer la reconstruction de l’Ukraine, l’UE reste étrangement silencieuse face à Israël, pourtant responsable de la destruction de Gaza. Aucun plan de réparations, seulement des appels à l’aide humanitaire. Un double standard qui soulève des accusations de plus en plus nombreuses.
L’Union européenne ne prévoit pour l’instant pas de demander à Israël de financer la reconstruction de Gaza, bien que l’enclave palestinienne ait été ravagée par deux années de guerre, causant des destructions massives et des dizaines de milliers de morts. Interrogée à Bruxelles, la porte-parole de la Commission européenne, Paula Pinho, a déclaré le 7 octobre : « C’est une question intéressante à laquelle je n’ai pas de commentaire à faire à ce stade. » Aucun mécanisme de compensation n’est donc envisagé, contrairement au cas ukrainien.
Selon l’ONU, l’UE et la Banque mondiale, il faudra au moins 70 milliards de dollars pour reconstruire Gaza. Jaco Cillers, représentant du PNUD, a précisé que « 55 millions de tonnes de décombres doivent être dégagées » et que « le processus pourrait durer plusieurs décennies », lors d’un point presse à Genève ce 14 octobre.
Malgré l’ampleur des destructions, Israël rejette toute responsabilité financière. D’ailleurs, aucune demande officielle de réparations n’a été adressée à Tel Aviv, alors que plusieurs organisations onusiennes rappellent que l’occupant devrait, en principe, en assumer le coût. À l’inverse, l’UE déploie un plan visant à utiliser les profits des avoirs gelés de la Banque centrale de Russie pour garantir un prêt de 140 milliards d’euros à l’Ukraine.
Plans flous pour Gaza, mécanismes solides pour Kiev
Cette disparité peut surprendre. En Ukraine, Bruxelles exige que Moscou « paie pour les destructions ». En Palestine, l’UE se limite à parler « d’aide humanitaire ». Paula Pinho l’a reconnu implicitement : le sujet des réparations israéliennes n’est tout simplement pas abordé.
Pourtant, la Commission européenne affirme vouloir « soutenir la paix » et se dit prête à contribuer à la reconstruction. En septembre, Ursula von der Leyen a proposé la création d’un groupe international de donateurs pour Gaza. Mais là encore, aucune pression réelle n’est exercée sur Israël. Selon Politico, certains diplomates européens assurent vouloir « maintenir la pression » sur Tel Aviv pour qu’il remplisse ses obligations.
Un plan de reconstruction sous supervision étrangère, baptisé GREAT Trust, a également été évoqué par les proches de Donald Trump. Ce projet prévoit une tutelle internationale sur Gaza pendant dix ans, excluant les Palestiniens des décisions majeures. Selon une analyse relayée par l’Arab Center Washington, ce plan viserait davantage à contrôler qu’à reconstruire, certains évoquant même une « occupation technocratique ».
Un droit international à deux vitesses assumé
Le contraste avec l’Ukraine est saisissant. Là, l’UE invoque « justice », « responsabilité » et « réparations ». Ici, elle avance prudemment sur un terrain politique sensible. Pour certains experts, cette attitude traduit une crainte de voir les fonds d’aide « gaspillés » du fait que le contexte est encore incertain, mais cela reflète surtout un choix stratégique : ne pas heurter un allié comme Israël.
Selon les Nations unies, plus de 92 % des habitations ont été détruites, 81 000 logements sont hors d’usage, et la quasi-totalité des infrastructures de santé et d’éducation est à reconstruire. Malgré ce constat, les institutions occidentales évitent soigneusement de désigner un responsable financier.