Qui est Giuseppe Conte, proposé par le M5S pour diriger le nouveau gouvernement italien ?
La composition de la nouvelle équipe gouvernementale italienne, formée par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, a été présentée au président italien Sergio Mattarella. Auparavant, Bruxelles avait fait part de son inquiétude.
Près de 10 jours après le feu vert de Silvio Berlusconi, qui a permis l'accord de gouvernement entre la Ligue (droite anti-immigration) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), le nom du possible président du conseil italien a été révélé le 21 mai.
Giuseppe Conte, 54 ans, juriste universitaire
Le chef de file du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, a annoncé sur le blog du mouvement avoir proposé à Sergio Mattarella, le président italien, la personne de Giuseppe Conte pour diriger la coalition gouvernementale. Agé de 54 ans, Giuseppe Conte est un juriste universitaire, spécialiste de droit civil et administratif. Proche du M5S, dont il ne fait toutefois pas partie, il avait été présenté par ce mouvement, avant les élections du 4 mars, comme possible ministre chargé de «débureaucratiser» la fonction publique.
Oggi possiamo dire che siamo di fronte a un momento storico. Abbiamo indicato il nome di Giuseppe Conte al presidente della Repubblica. Un nome che può portare avanti il contratto di governo. #GiuseppeConte#M5s#governopic.twitter.com/IJ9lonZ4y0
— M5S Europa (@M5S_Europa) 21 mai 2018
En présentant cet homme encore inconnu du grand public, Luigi Di Maio a expliqué son choix avec les termes suivants : «[Ce] nom peut faire avancer le contrat de gouvernement. Et je suis particulièrement fier de ce choix.»
Quant au leader de la Ligue Matteo Salvini, il a de son côté déclaré : «Nous sommes prêts, nous avons présenté le nom, décidé de l'équipe et du projet pour le pays.»
Des avertissements déjà adressés au gouvernement
Dans le «code éthique» de la coalition gouvernementale qui avait été dévoilé le 18 mai, on apprenait entre autres que les francs-maçons étaient bannis du gouvernement. Le Grand Orient d'Italie n'avait pas manqué de réagir dénonçant une clause «contraire aux principes constitutionnels» et de poursuivre à travers un communiqué : «Ceux qui pensent utiliser à des fins politiques une campagne contre les francs-maçons pour les empêcher d'exercer leurs droits élémentaires, commettent un abus et devront en assumer la responsabilité.»
Le 20 mai, sur un tout autre sujet, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno le Maire, mettait lui aussi en garde le futur gouvernement, s'inquiétant de «la stabilité financière de la zone euro» au vu de l'orientation économique annoncée par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles.
«Les Italiens d'abord !» : Matteo #Salvini recadre Bruno Le Maire, qui avait mis #Rome en garde
— RT France (@RTenfrancais) 21 mai 2018
➡️ https://t.co/TqsmmW4wW1#Italie#UE#Francepic.twitter.com/S8PnU7hxOb
Un paysage politique inédit
Le 4 mars 2018, la coalition de centre droit menée par Matteo Salvini (secrétaire fédéral de la Ligue), ainsi que le Mouvement 5 étoiles représenté par Luigi Di Maio, remportaient les élections générales italiennes avec respectivement 37% et 32,7% des suffrages, prenant à revers les sondages élaborés à l'approche du scrutin.
La Ligue, partie prenante de la coalition de centre droit (aux côtés du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi), et le Mouvement 5 étoiles ont notamment en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses en matière de retraites et de lutte contre l'immigration.
Des mesures qui inquiètent Bruxelles
Outre le scénario d'un «italexit» initialement annoncé mais qui semble ne plus figurer dans la dernière version du programme de gouvernement, les craintes de Bruxelles concernent différents sujets. En matière diplomatique, la coalition affiche une volonté de ranimer les relations bilatérales entre l'Italie et la Russie. Quant à la question migratoire, Matteo Salvini s'est engagé à expulser 600 000 migrants. Côté social, une réforme des retraites prévoit d'assouplir les conditions d'éligibilité actuelles, une mesure qui va à contre courant de la rigueur budgétaire régulièrement recommandée par la Commission européenne.