Bénin : les ex-otages n'auraient pas été enlevés en «zone rouge» comme l'affirmait Le Drian
Jean-Yves Le Drian a estimé que la mort de deux soldats au Burkina Faso aurait pu être évitée si les touristes français enlevés au Bénin ne s'étaient pas rendus dans une zone «considérée depuis pas mal de temps comme une zone rouge». Qu'en est-il ?
Le gouvernement annonçait le 10 mai qu'une opération de libération d'otages au Burkina Faso avait coûté la vie à deux militaires français. Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian laissait entendre à l'antenne d'Europe 1 que le comportement de deux touristes français enlevés au Bénin, qui faisaient partie du groupe d'otages libérés, avait contribué à la mort des deux soldats.
«La zone où étaient nos compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs en allant», a ainsi affirmé le chef de la diplomatie française avant de rappeler l'utilité des «conseils aux voyageurs» du Quai d'Orsay. «La plus grande précaution doit être prise dans ces régions pour éviter que de tels enlèvements n’aient lieu et pour éviter des sacrifices de nos soldats», a-t-il poursuivi.
Cette consigne sur la Pendjari n'est arrivée qu'avec la mise à jour du 10 mai.
Réagissant à ces propos, un journaliste du magazine Marianne a toutefois relevé que la zone évoquée par le ministre «n'avait jamais été nommément citée, avant le 10 mai, par le Quai d'Orsay comme formellement déconseillée». «Cette consigne sur la Pendjari n'est arrivée qu'avec la mise à jour du 10 mai», a tweeté le journaliste.
Selon l'endroit exact, l'enlèvement peut avoir eu lieu, soit dans une zone classée avant cette mise à jour comme orange par le Quai d'Orsay (c'est-à-dire déconseillée aux touristes, à moins d'un impératif), soit dans une zone jaune (vigilance renforcée).
Zone qui n'avait jamais été nommément citée, avant ce 10 mai, par le Quai d'Orsay comme formellement déconseillée. Cette consigne sur la Pendjari n'est arrivée qu'avec la mise à jour du 10 mai, justement à cause de cette affaire des #otagespic.twitter.com/N6wjWOF3EN
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) 11 mai 2019
«Un examen de l’historique de la page du site du ministère des affaires étrangères permet assez facilement de constater que le parc [de la Pendjari] n’est mentionné explicitement, dans le texte et sur la carte mise en ligne, que depuis la dernière mise à jour, le 10 mai» explique de son côté Le Monde. De fait, sur la page relative au Bénin disponible sur le site du gouvernement, une mise à jour est bien notifiée en date du 10 mai.
En outre, encore selon Marianne, un autre élément vient nuancer les sermons du ministre indirectement adressés aux otages français libérés. «Le parc de la Pendjari faisait l'objet d'une attention sécuritaire particulière, le président du Bénin élu en 2016 en ayant fait un chantier prioritaire de développement du tourisme, troisième pourvoyeur d'emplois du pays», précise en effet le magazine politique.