Incendies en Amazonie : pointé du doigt, Jair Bolsonaro accuse les ONG
Des images spectaculaires de feux de forêt, apparemment en Amazonie, ont engendré une tempête sur les réseaux sociaux. Pointé du doigt, le président brésilien Jair Bolsonaro a insinué que des ONG auraient provoqué les incendies pour l'attaquer.
Au lendemain de la publication de statistiques faisant état d'une progression alarmante des feux de forêt au Brésil, tout particulièrement en Amazonie, le président brésilien Jair Bolsonaro, vers qui tous les regards se tournent, s'en est pris aux ONG le 21 août.
La polémique avait enflé le 19 août quand la ville de Sao Paulo, première métropole du pays, avait été recouverte en plein après-midi d'un nuage noir apparemment dû à des feux de forêt à des milliers de kilomètres de là.
«Le nuage qui a recouvert Sao Paulo est un phénomène déjà constaté en 2010 et 2017», a déclaré le ministre de l'Environnement Ricardo Salles, présent à Salvador. «Toutes les stratégies pour lutter contre la déforestation continuent d'être en place», mais elles sont «hélas entravées par la crise économique et les coupes budgétaires», a-t-il concédé.
Sur Twitter, le mot-clé #PrayforAmazonas (Prions pour l'Amazonie) est en tête des tendances mondiales. Mais certaines des images qui ont fait le tour du monde en un temps record étaient anciennes, montrant par exemple des feux en Amazonie remontant à 1989, ou des scènes ayant eu lieu dans d'autres Etats brésiliens, ou même d'autres pays, comme l'Inde ou les Etats-Unis.
Il n'était pas possible d'évaluer le 21 août l'ampleur des superficies affectées par des feux de forêt en Amazonie.
Incendie sous faux drapeau ?
Cible d'une avalanche de critiques de scientifiques, d'ONG de préservation de l'Amazonie et des populations indigènes pour son soutien au développement de l'agriculture et de l'exploitation minière, notamment dans des zones protégées, Jair Bolsonaro a contre-attaqué, pointant une opération sous faux drapeau.
Le président a en effet insinué que des ONG pourraient être à l'origine des incendies afin d'«attirer l'attention» sur la suspension par le gouvernement des subventions à la préservation du «poumon de la planète».
«Il pourrait s'agir, oui, il pourrait, mais je ne l'affirme pas, d'actions criminelles de ces "ONGéistes" pour attirer l'attention contre ma personne, contre le gouvernement brésilien. C'est la guerre à laquelle nous sommes confrontés», a lancé le chef de l'Etat devant des journalistes à Brasilia le 21 août.
Des incendies ravagent l'Amazonie #Amazonie#incendies >> https://t.co/XhFoFbQGDUpic.twitter.com/4iOS0AFAZi
— 20 Minutes (@20Minutes) August 22, 2019
Sans évoquer d'informations concrètes pouvant étayer ces graves accusations, Jair Bolsonaro a expliqué que les ONG «ressent[aient] un manque d'argent» et que c'était peut-être là leur mobile.
«On a retiré l'argent aux ONG. Elles recevaient 40% des subventions venant de l'étranger. Elles ne les ont plus. On [leur] a aussi mis fin aux subventions publiques», a expliqué le président brésilien.
«Même vous [les journalistes] ne pourriez aller filmer dans tous les lieux où cela brûle, et envoyer [vos vidéos] à l'étranger», a-t-il encore souligné, pointant sans doute la difficulté d'accès à certaines régions reculées de la forêt amazonienne. «Tout indique qu'ils sont allés là-bas pour filmer des incendies. C'est ce que je ressens», a conclu le président brésilien, déclenchant une avalanche de critiques.
Au Brésil, depuis plusieurs semaines, l'Amazonie est en proie aux flammes. #PrayForTheAmazonpic.twitter.com/LOeG39qZ7C
— L'Est Républicain (@lestrepublicain) August 22, 2019
«Historiquement [en Amazonie] les feux sont directement liés à la déforestation puisque c'est une des techniques pour défricher», a expliqué le Fonds mondial pour la nature dans un communiqué, au sujet des brûlis pour transformer des aires forestières en zones de culture et d'élevage ou pour nettoyer des zones déjà déforestées
Selon l'INPE, un centre de recherche brésilien chargé des activités scientifiques, la déforestation en juillet a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018.
Jair Bolsonaro a tenu ces propos polémiques alors se tient à Salvador de Bahia la semaine du climat avec 3 000 délégués de 26 pays, une réunion régionale sur le changement climatique coordonnée par l'ONU.