Chantage aux migrants ? Erdogan menace l'UE d'ouvrir les vannes et veut sa «zone de sécurité»
- Avec AFP
Recep Tayyip Erdogan dit son exaspération d'accueillir 4 millions de migrants fuyant les conflits du Proche-Orient et affirme que si l'Union européenne ne contribue pas davantage à aider la Turquie, Ankara pourrait les laisser affluer vers l'Europe.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays accueille plus de quatre millions de réfugiés, a menacé ce 5 septembre d'en laisser affluer une nouvelle vague vers l'Union européenne s'il n’obtenait pas davantage d'aide internationale.
Plus de 3,5 millions de ces réfugiés sont des Syriens. Ankara souhaite la création en Syrie d'une «zone de sécurité» où ils pourraient retourner : «Si cela n'arrive pas, nous serons obligés d'ouvrir les portes. Soit vous nous aidez, soit, si vous ne le faites pas, désolé, mais il y des limites à ce que l'on peut supporter», a déclaré le président turc lors d'un discours télévisé à Ankara. Et de poursuivre : «Nous disons, établissons une zone de sécurité [...] si nous faisons une telle chose, cela soulagera la Turquie.»
Affirmant que la Turquie avait dépensé 40 milliards de dollars et n'avait obtenu que trois milliards d'euros de l'Union européenne (UE) pour l'accueil des réfugiés syriens, Recep Tayyip Erdogan a ajouté : «Nous n'avons pas eu de soutien suffisant, et nous serons obligés de faire cela pour l'obtenir.» La Turquie et l'UE ont conclu en 2016 un accord qui prévoyait le retour en Turquie de migrants entrés illégalement en Grèce en échange notamment d'une aide financière de 6 milliards d'euros de l'UE à Ankara.
Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne, a cependant répliqué : «A ce jour l'Union européenne a alloué 5,6 des 6 milliards d'euros approuvés.» Elle a assuré que le restant serait versé «prochainement».
La Turquie négocie également sa «zone de sécurité» avec les Etats-Unis et Recep Tayyip Erdogan a assuré qu'il était «déterminé» à ce qu'elle soit créée «d'ici la dernière semaine de septembre». L'objectif affiché est d'installer un million de migrants «dans une zone de sécurité de 450 kilomètres le long de la frontière.»