L'ONU annonce la création d'un Comité constitutionnel pour la Syrie
Après de longues négociations entre le gouvernement syrien, l'opposition et l'ONU, la mise en place d'un Comité constitutionnel pour la Syrie a été rendue publique. Il aura pour mission de rédiger une Constitution mais sa tâche s'annonce déjà ardue.
L’ONU a officialisé, le 23 septembre, la création d’un Comité constitutionnel pour la Syrie. Composé de membres du pouvoir en place et de l’opposition, il devra travailler à la rédaction d’une nouvelle Constitution afin de trouver un règlement politique au conflit qui fait rage dans le pays depuis 2011. Ce comité comprendra 150 personnes, 50 choisies par le gouvernement, 50 par l’opposition et 50 par l’ONU afin d’y inclure des délégués «indépendants» appartenant à la société civile.
«Je crois fermement que le lancement d'un Comité constitutionnel, organisé et dirigé par les Syriens, peut être le début d'une voie politique vers une solution», s’est réjoui Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’est ouverte ce 24 septembre à New York, assurant que son émissaire pour la Syrie, Geir Pedersen, allait réunir ses membres «dans les semaines à venir». Le ministre des Affaires étrangères syrien et vice-Premier ministre, Walid Mouallem, a de son côté répété «l'engagement de la Syrie en faveur [...] du dialogue syro-syrien afin de parvenir à une solution politique [...] loin de toute intervention étrangère».
Une annonce attendue depuis plus d'un an et demi
L’idée d’un tel comité avait été formalisée début 2018, sous l’impulsion russe, lors d'un sommet des trois pays garants du processus de paix d'Astana (Russie, Iran, Turquie) à Sotchi, station balnéaire du bord de la mer Noire, mais sa mise en place se sera révélée très difficile. L’ONU, Damas et l’opposition ont fermement bataillé sur la composition de l’organisation d’une part mais aussi très largement sur son fonctionnement. Jusqu’où la Constitution sera-t-elle réformée ? Des élections auront-elles lieues comme le demandent les Occidentaux ? Si oui dans quel format ? Autant de questions complexes que devrons trancher les membres du comité dans des négociations qui s’annoncent déjà tendues.
Le 16 septembre dernier, lors du sommet d’Ankara qui réunissait les chefs d’Etats russe, iranien et turc, Hassan Rohani avait fustigé la présence de troupes américaines dans le pays. «Nous nous prononçons contre la présence de puissances étrangères [qui n'ont pas] été invitées par les autorités syriennes. Il s’agit notamment des Américains qui, tout au long de cette crise syrienne, n’ont pas contribué à sa résolution. Bien au contraire, ils ont une influence particulièrement délétère sur la situation. Cela contribue à diviser encore plus [la Syrie]. Et nos trois pays considèrent cela comme inacceptable. Les mauvaises intentions des Américains sont évidentes», s’était emporté le président de la République islamique.
Vladimir Poutine avait lui qualifié l’intervention américaine d’«illégale», ajoutant espérer que Donald Trump honorerait sa promesse de se désengager militairement du territoire syrien. Fin 2018, le 45e président des Etats-Unis s’était demandé, sur Twitter, pourquoi les Américains se trouvaient encore en Syrie alors qu’ils avaient réalisé leur objectif principal, «vaincre le groupe Etat islamique». Un serment non suivi d’effets.
Le porte-parole du département d’Etat, Morgan Ortagus, a également salué la création du comité : «Même si beaucoup reste à faire, c'est un pas encourageant vers une solution politique du conflit syrien.» Federica Mogherini s’est elle aussi satisfait d’un organe «longtemps attendu» qui «redonne espoir aux Syriens», appelant à sa mise en place «au plus vite».
Ce premier pas vers la mise en place d’un processus de paix impliquant toutes les parties politiques syriennes constitue aujourd’hui la seule voie vers un règlement possible du conflit. Néanmoins un dossier très épineux reste encore sur la table : celui de la province d’Idleb, dans le nord-ouest du pays, en partie contrôlée par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (anciennement le Front al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda), et dans laquelle la mise en place d’un cessez-le-feu s’est avérée quasiment impossible.
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