Le Fonds anti-corruption de Navalny classé «agent de l'étranger»
Le ministère russe de la Justice a classé le Fonds anti-corruption d'Alexeï Navalny dans la liste des «agents de l'étranger». Cette nomination présume que l’ONG est financée depuis l’étranger.
Le 9 octobre, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), fondé par l’opposant russe Alexeï Navalny, a été classé par le ministère de la Justice russe comme «agent de l'étranger», selon le communiqué, publié sur le site du ministère.
Le ministère russe de la Justice a pris cette décision sans pour autant expliciter les motifs.
La loi sur «l’agent de l'étranger» a été adoptée en 2012. Pour qu'un organisme à but non-lucratif soit classé comme «agent de l'étranger», il faut qu’il mène une activité politique et qu'il soit financé depuis un pays étranger.
Une fois nommées «agent de l'étranger», les ONG doivent suivre des règles suivantes: les organismes à but non-lucratif doivent, deux fois par an, soumettre un rapport concernant leurs activités et la composition des organes directeurs et tous les trois mois, des documents sur la nature des dépenses d'argent. Les «agents de l'étranger» doivent aussi, deux fois par an, publier sur internet ou fournir un rapport concernant leurs activités vis-à-vis des médias. Sinon, une responsabilité pénale ou une amende sont prévues.
Le directeur du FBK, Ivan Jdanov, a écrit sur Twitter que l'organisation «n'est financée que par des citoyens russes» qu'elle «n’a jamais reçu aucun financement étranger». Il a également noté que toutes les activités de FBK sont transparentes et que tous ses rapports sont systématiquement présentés au ministère de la Justice.
Le fondateur du Fonds anti-corruption Alexeï Navalny va encore plus loin. Selon lui, la décision d'inclure son Fonds sur la liste des «agents de l'étranger» a été prise par le ministère de la Justice «sur ordre direct» du président Vladimir Poutine.
Le Kremlin, par l’intermédiaire de son porte-parole, Dmitri Peskov, n’a pas tardé à lui répondre :
Le Kremlin ne prend pas de telles décisions. C'est la prérogative du ministère de la justice
Le ministère russe de la Justice a commencé à effectuer des vérifications sur les suspicions de blanchiment d’argent du Fonds anti-corruption de Navalny. Le 3 août, le Comité d'enquête russe avait ouvert une investigation visant le FBK de Navalny, une organisation accusée de blanchiment d'environ un milliard de roubles. Le 8 août, les comptes bancaires du Fonds anti-corruption d'Alexeï Navalny, ainsi que ceux de ses sièges régionaux, ont été bloqués. Selon l'enquête, de janvier 2016 à décembre 2018, les employés de l'organisation, ainsi que les personnes liées à ses activités, auraient reçu via des personnes tierces, une importante somme d'argent acquise par des moyens supposément criminels. Les suspects auraient déposé le même montant via des guichets automatiques sur les comptes de plusieurs banques, puis transféré sur les comptes du Fonds, finançant ainsi l'organisation. Les enquêteurs cherchent désormais à établir l'identité de tous les acteurs de cette entreprise de blanchiment d'argent. Ils doivent également déterminer les sources de financement en cause dans cette affaire.