Pénurie alimentaire : trois organisations internationales lancent l'alerte
- Avec AFP
L'OMS, la FAO et l'OMC s'inquiètent d'un possible phénomène de pénurie alimentaire dans le monde résultant d'une perturbation des marchés des denrées agricoles et d'un déficit de main d'oeuvre dans le secteur agroalimentaire.
Perturbations des marchés des denrées agricoles, manque de bras dans les champs, protection déficiente des salariés de l'agroalimentaire face au coronavirus : dans un rare communiqué commun, les dirigeants des trois organisations multilatérales chargées de l'alimentation, de la santé, et du commerce, l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS, dépendant aussi de l'ONU) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mettent en garde contre un risque de crise alimentaire mondiale.
Si certains pays exportateurs de céréales de base étaient tentés de retenir leurs récoltes par crainte de manquer ou pour faire baisser les prix, d'autres, plus fragiles, à l'autre bout de la chaîne alimentaire mondialisée, risquent de traverser des pénuries graves, préviennent les trois organisations.
«Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l'exportation [provoquant elle-même] une pénurie sur le marché mondial», soulignent le Chinois Qu Dongyu, qui dirige la FAO, l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS et le Brésilien Roberto Azevedo, dirigeant de l'OMC.
Selon eux, il est «important» d'assurer les échanges commerciaux «afin d'éviter des pénuries alimentaires» notamment dans les pays les plus pauvres.
Ce 1er avril, la Russie a décidé de vendre un million de tonnes de blé issu de ses propres stocks de réserve sur son marché domestique pour limiter la hausse de ses prix intérieurs, selon l'AFP qui cite une information du cabinet Agritel.
Pour les experts de la FAO, l'agence onusienne chargée de l'agriculture et de l'alimentation, les «restrictions à l'exportation» débouchent parfois sur des famines dans d'autres pays, parfois éloignés.
Les organisations incitent les pays à permettre le passage des marchandises et des travailleurs
Les trois organisations internationales s'inquiètent d'autres facteurs menaçant la chaîne alimentaire mondiale : le «ralentissement de la circulation des travailleurs de l'industrie agricole et alimentaire» bloque de nombreuses agricultures occidentales, après la fermeture de nombreuses frontières.
Autre maillon suscitant l'inquiétude, les «retards aux frontières pour les conteneurs» de marchandises, ce qui entraîne un «gâchis de produits périssables et une hausse du gaspillage alimentaire».
«Lorsqu'il est question de protéger la santé et le bien-être de leurs concitoyens, les pays doivent s'assurer que l'ensemble des mesures commerciales ne perturbe pas la chaîne de l'approvisionnement alimentaire», résument les chefs de la FAO, de l'OMS et de l'OMC.
Ils préconisent aussi : «Nous devons nous assurer que notre réponse face à la pandémie de Covid-19 ne crée pas, de manière involontaire, des pénuries injustifiées de produits essentiels et exacerbe la faim et la malnutrition.»