La France est-elle favorable à des sanctions européennes contre la Hongrie et la Pologne ?

La France est-elle favorable à des sanctions européennes contre la Hongrie et la Pologne ?© Yoan VALAT / POOL Source: AFP
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, le 31 mars à l'Assemblée nationale (image d'illustration).
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En temps de pandémie, l'exécutif hongrois est critiqué pour élargir ses pouvoirs, celui polonais pour maintenir des élections. Pour Jean-Yves Le Drian, la question de sanctions européennes contre ces pays pourrait se poser «au moment opportun».

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a laissé planer la menace de sanctions du Conseil européen à l'égard de la Pologne et de la Hongrie à l'issue de la crise sanitaire du Covid-19, dans un entretien accordé au Monde, publié le 20 avril.

Cette question se posera au moment opportun et j’imagine qu’elle pourrait l’être à un prochain Conseil européen

Le journal, considérant que la Pologne et la Hongrie «exploit[aient] la crise pour piétiner les normes démocratiques», demandait au ministre des Affaires étrangères français s'il était possible d'«envisager des sanctions européennes contre ces pays». Et le membre du gouvernement de répondre : «Cette question se posera au moment opportun et j’imagine qu’elle pourrait l’être à un prochain Conseil européen. Mais la priorité est de lutter contre la pandémie.» Le Conseil européen réunit les chefs d'Etat ou de gouvernement des 27 Etats membres de l'Union européenne.

Jean-Yves Le Drian est en outre convaincu que «le modèle démocratique est en train de prouver sa propre autorité» dans ce contexte de crise sanitaire. «Il faut que la démocratie, l’information, la transparence et la liberté soient au rendez-vous pour gagner. Si vous n’avez pas la transparence, ni la confiance, vous ne gagnez pas. C’est ce message que je pourrais porter à nos partenaires européens», déclare-t-il au Monde.

Enième bras de fer entre Orban et Bruxelles

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a obtenu à une très large majorité le 30 mars l'aval du Parlement – dominé par son parti, le Fidesz et ses alliés – pour légiférer par ordonnances dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Le président Janos Ader (Fidesz), a signé cette loi sur l'état d'urgence dans le pays pour une durée indéterminée, déclarant qu'elle était conforme aux traités internationaux et à la Constitution hongroise.

Les nouvelles dispositions permettent au dirigeant hongrois de prolonger indéfiniment l'état d'urgence, en vigueur depuis le 11 mars, sans demander l'aval du Parlement. Aucune élection ne peut par ailleurs se tenir dans ce contexte. Le gouvernement peut également «suspendre l'utilisation de certaines lois par décret [...] et introduire d'autres mesures extraordinaires» par ordonnances gouvernementales, dans le but de garantir «santé, sécurité personnelle et matérielle des citoyens, ainsi que l'économie». La loi instaure en outre jusqu'à cinq ans de prison pour la diffusion de «fausses nouvelles» concernant le virus ou les mesures du gouvernement.

Ces mesures ont provoqué l'inquiétude de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mais aussi de 16 Etats européens, qui ont mis en garde le 2 avril contre les violations de l’Etat de droit dans l'UE au motif de lutte contre la pandémie de Covid-19.

Le 3 avril, Viktor Orban a contre-attaqué en ciblant ses détracteurs européens : «Je ne sais pas qui sont ces gens qui siègent dans la bulle bruxelloise [...] On pourrait sauver des vies en travaillant ensemble et de quoi s'occupe Bruxelles ? De nous.»

La Hongrie fait déjà l'objet d'une procédure dans le cadre de l'article 7 du traité de l'Union pour violation des valeurs de l'UE, qui peut en théorie déboucher sur des sanctions.

Pologne : un scrutin maintenu suscite des inquiétudes

En Pologne, des critiques s'élèvent contre le fait que le parti conservateur nationaliste envisage de maintenir l'élection présidentielle du 10 mai, malgré l'épidémie, en procédant à un scrutin par correspondance.

L'opposition réclame un ajournement, estimant que dans la situation actuelle le vote en mai favoriserait indûment le président sortant, Andrzej Duda, les autres candidats pouvant difficilement faire campagne.

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