«C'est en réalité la France qui joue un jeu dangereux» : Ankara réplique à l'attaque de Macron
- Avec AFP
La Turquie a accusé ce 23 juin la France de «jouer un jeu dangereux» en Libye en appuyant les forces opposées au gouvernement de Tripoli, retournant la formule utilisée la veille par le président Emmanuel Macron à l'endroit d'Ankara.
«Par le soutien qu'elle apporte depuis des années aux acteurs illégitimes, la France a une part de responsabilité importante dans la descente de la Libye dans le chaos. De ce point de vue, c'est en réalité la France qui joue un jeu dangereux»: c'est ainsi que la Turquie, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a répondu à la critique d'Emmanuel Macron formulée la veille, reprenant la même expression.
«Si monsieur Macron faisait marcher sa mémoire et déployait son bon sens, il se souviendrait que les difficultés que traverse la Libye actuellement sont dues aux attaques du putschiste Haftar qu'il soutient», a déclaré Hami Aksoy dans un communiqué. «Même si le président Macron s'efforce de masquer cette réalité en portant des accusations infondées contre notre pays, le peuple libyen n'oubliera jamais le tort causé à son pays par la France dans la poursuite de ses intérêts égoïstes», a-t-il ajouté.
La veille, le président français avait dénoncé le «jeu dangereux» de la Turquie en Libye, estimant qu'il illustrait la «mort cérébrale de l'OTAN», dénoncée il y a plusieurs mois par le dirigeant. «Je considère aujourd'hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin», avait-il lancé à l'issue d'un entretien avec son homologue tunisien Kais Saied à l'Elysée.
La Turquie est devenu le principal soutien international du gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli, qui a repris début juin le contrôle de l'ensemble du nord-ouest de la Libye en faisant reculer les forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays. Les forces du GNA visent désormais la ville côtière de Syrte (450 kilomètres à l'est de Tripoli), verrou stratégique vers l'est contrôlé par le maréchal Haftar.
Même si le président Macron s'efforce de masquer cette réalité en portant des accusations infondées contre notre pays, le peuple libyen n'oubliera jamais le tort causé à son pays par la France dans la poursuite de ses intérêts égoïstes
Le 20 juin, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, principal soutien du maréchal avec les Emirats arabes unis, a prévenu que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention «directe» du Caire. Le GNA, reconnu par l'ONU, a dénoncé comme une «déclaration de guerre» les menaces de l'Egypte.
Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara, la France accusant la Turquie de fournir des armes au GNA en violation d'un embargo des Nations unies et d'avoir eu un comportement «extrêmement agressif» à l'encontre d'une de ses frégates en Méditerranée. La Turquie accuse de son côté Paris de soutenir le maréchal Haftar et d'être le «sous-traitant de certains pays de la région» dans la crise libyenne, une allusion aux Emirats et à l'Egypte.