Pour Pompeo, la Russie est «certainement sur la liste» des ennemis des Etats-Unis
Missiles nucléaires, cyberattaque : Mike Pompeo a estimé dans une interview que la Russie était «certainement sur la liste» des ennemis des Etats-Unis. Une déclaration de fin de mandat qui contraste avec celles des premiers jours de Donald Trump.
Dans une interview accordée au journaliste américain Mark Levin, publiée le 18 décembre 2020 par le département d'Etat, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a estimé que la Russie faisait «certainement» partie des ennemis des Etats-Unis.
Vladimir Poutine reste un risque réel pour ceux d'entre nous qui aiment la liberté
Une déclaration qui est intervenue alors que le journaliste lui demandait ce qu'il pensait de l'opinion de certains représentants républicains, selon laquelle la Russie n'est pas un ennemi du pays malgré les prétendues tentatives d'ingérence dans le processus électoral américain. «Mark, on me demande tout le temps qui est notre ennemi, et la réponse est que nous avons beaucoup de gens qui veulent saper notre mode de vie, notre république, nos principes démocratiques de base. La Russie est certainement sur cette liste», a répondu Mike Pompeo.
Le secrétaire d'Etat a en outre confirmé les allégations du journaliste selon lesquelles la Russie «pointe[rait] des missiles nucléaires vraiment gros sur les Etats-Unis», estimant que c’était «très réaliste». «Oui, Vladimir Poutine reste un risque réel pour ceux d'entre nous qui aiment la liberté, et nous devons nous assurer de nous préparer», a ajouté Mike Pompeo. «Aujourd'hui, je classe la Chine comme le défi qui présente vraiment une menace existentielle, mais je ne minimise pas le risque qu'impose le fait d'avoir des centaines et des centaines d'ogives nucléaires capables d'atteindre les Etats-Unis – un risque énorme pour nous également», a-t-il déclaré.
Alexeï Pouchkov, président de la Commission du Conseil de la Fédération sur la politique d’information, a réagi à cette intervention sur sa chaîne Telegram : «En classant la Russie comme un ennemi des Etats-Unis, ce que Trump ne fait pas, le secrétaire d’Etat Pompeo, qui est sur le point de perdre son poste, s’adapte publiquement au nouveau président. Après tout, il s’agit d’une citation exacte de Biden.»
La Russie, accusée d'être derrière la cyberattaque massive qui touche les Etats-Unis, nie fermement
Par ailleurs, Mike Pompeo a estimé que la Russie était très probablement derrière la vaste cyberattaque qui frappe actuellement les Etats-Unis, ainsi que des objectifs situés dans d'autres pays. «C'était une entreprise très importante, et je crois que nous pouvons maintenant dire assez clairement que ce sont les Russes qui se sont engagés dans cette activité», a-t-il déclaré. Le secrétaire d'Etat a dénoncé une opération de grande ampleur consistant notamment, en utilisant un logiciel, à «entrer dans des systèmes du gouvernement américain».
La Russie a fermement démenti être impliquée dans cette affaire. «La Russie ne mène pas d'opérations offensives dans le cyberespace», a déclaré l'ambassade russe à Washington.
De son côté, Donald Trump a semblé relativiser l'incident sur Twitter : «L’attaque apparaît bien plus importante dans les rapports des médias mensongers qu’elle ne l’est en réalité. J’ai été complètement débriefé, et tout est absolument sous contrôle.»
Il a également souligné une possible implication de la Chine : «La Russie, la Russie, la Russie est la chanson prioritaire quand quelque chose se passe parce que les médias libéraux sont, pour des raisons principalement financières, pétrifiés à l'idée de discuter de la possibilité que ce soit la Chine (ce qui est possible !).»
....discussing the possibility that it may be China (it may!). There could also have been a hit on our ridiculous voting machines during the election, which is now obvious that I won big, making it an even more corrupted embarrassment for the USA. @DNI_Ratcliffe@SecPompeo
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 19, 2020
Le gouvernement américain n'a découvert que la semaine dernière cette attaque lancée dès le mois de mars, si ce n'est plus tôt. Les hackeurs ont réussi à compromettre le logiciel Orion de la firme américaine SolarWinds, utilisé pour la gestion et la supervision de réseaux informatiques de grandes entreprises ou administrations.
L'Agence de sécurité nationale, qui supervise le renseignement militaire américain, a appelé à une vigilance accrue pour empêcher un accès des pirates aux systèmes clés de l'armée ou de l'Etat. De fait, les experts soulignent la menace que cette cyberattaque représente pour la sécurité nationale, non seulement en cas de prise de contrôle des infrastructures cruciales, mais aussi en cas d'accès au pilotage des réseaux de distribution de l'électricité ou d'autres services publics.
Les départements du Trésor et de l'Energie visés
Selon les informations connues à ce stade, les pirates ont réussi à pénétrer les emails internes du Trésor et du ministère du Commerce américains. Le ministère de l'Energie a confirmé le 18 décembre avoir été touché, tout en assurant que le logiciel malveillant avait épargné ses missions les plus sensibles, notamment la branche chargée de la sécurité de l'arsenal nucléaire.
Au moment de son arrivée au pouvoir, Donald Trump avait pu laisser penser par certaines de ses déclarations que son élection pourrait amorcer un tournant vers une amélioration des relations entre les Etats-Unis et la Russie. Mais durant son mandat, de nouvelles et nombreuses sanctions anti-russes ont été appliquées.
Les services de sécurité américains ont longtemps accusé la Russie d'avoir interféré dans le processus électoral américain en 2016. L'ancien procureur spécial américain Robert Mueller a enquêté sur ces prétendues tentatives pendant près de deux ans. Il a creusé en particulier la prétendue collusion entre les autorités russes et Donald Trump, qui a ensuite assumé la fonction de président américain. En fin de compte, Mueller a reconnu qu'il n'y avait pas eu de collusion. Donald Trump, comme les autorités russes, avaient nié à plusieurs reprises les allégations d'ingérence électorale ou de collusion, qui ont finalement été démenties au moment de la déclassification des éléments de l'enquête du FBI.