«Abolir les libertés» : Guterres critique «certains pays» pour leur gestion politique du Covid-19
Dans un discours prononcé le 22 février, le Secrétaire général de l'ONU a critiqué les mesures de lutte contre le Covid-19 prises par «certains pays» visant, selon lui, à « réprimer les voix dissonantes».
Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies Antonio Guterres, qui s’exprimait par message vidéo le 22 février 2021 à l’occasion de l’ouverture de la 46e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a critiqué sans les nommer «certains pays» pour avoir pris des mesures de lutte contre le Covid-19 visant à «réprimer les voix dissonantes» tout en fustigeant ceux qui utilisent cette pandémie comme «prétexte» pour asseoir des mesures liberticides, rapporte l'AFP.
A l’occasion de cette prise de parole très politique, Antonio Guterres a mis en garde contre les agissements de certains pays qui utilisent la pandémie comme prétexte à des politiques restrictives. Sans nommer d’Etat ou de pays en particulier, il a déclaré : «Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et adopté des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales.» Il a spécifiquement fustigé les autorités qui utilisent la pandémie de Covid-19 pour déployer des «interventions de sécurité lourdes et des mesures d'urgence pour écraser la dissidence».
Des restrictions qui «servent d'excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques»
Faisant rapidement allusion au traitement médiatique et politique du Covid19, il a noté que «parfois, l'accès à l'information vitale sur le Covid-19 a été caché (tandis que la désinformation mortelle a été amplifiée) y compris par ceux qui sont au pouvoir». Le chef de l'ONU a également déploré que les restrictions qui y sont liées «servent d'excuse pour miner les processus électoraux, affaiblir les voix des opposants et réprimer les critiques».
Ainsi, a-t-il ajouté, «des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants et même des professionnels de la santé ont fait l'objet d'arrestations, de poursuites et de mesures d'intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures (ou le manque de mesures) prises pour faire face à la pandémie».
Le chef de l’ONU qui s’exprimait par l’intermédiaire de messages préenregistrés, a également évoqué la pandémie de façon globale en soulignant que le Covid-19 avait «aggravé les vulnérabilités» et bouleversé la vie de centaines de millions de familles qui ont perdu un emploi ou vu leurs revenus s'effondrer. Antonio Guterres s'est également exprimé sur le suprémacisme blanc qu'il considère être la «menace numéro un» dans le monde et a mis en garde contre la puissance des plateformes numériques et l’abus des données.
Comme le rapporte Reuters, le secrétaire général a déclaré : «J'exhorte tous les États membres à placer les droits de l'homme au centre des cadres réglementaires et de la législation sur le développement et l'utilisation des technologies numériques.» «Nous avons besoin d'un avenir numérique sûr, équitable et ouvert qui ne porte pas atteinte à la vie privée ou à la dignité», a-t-il conclu.