Pays-Bas : une nouvelle édition de L'Enfer de Dante supprime Mahomet pour ne pas «blesser»
Cette nouvelle traduction en néerlandais de l'œuvre du poète italien Dante Alighieri fait disparaître le nom de Mahomet du passage où celui-ci apparaît, afin de «ne pas blesser inutilement».
La maison d'édition néerlandaise Blossom Books a supprimé un passage concernant le prophète Mahomet dans une nouvelle édition de L'Enfer, la première partie de La Divine Comédie de Dante, comme le rapporte le quotidien belge De Standaard. Un caviardage destiné à ne pas heurter la sensibilité des jeunes lecteurs, selon l'éditrice.
Cette nouvelle traduction du poète de la Renaissance italienne Dante Alighieri doit rendre l'ouvrage datant du début du XIVe siècle plus accessible aux lecteurs de 15 à 25 ans. La traductrice littéraire Lies Lavrijsen, a rappelé sur la radio belge Radio 1 que Dante pénètre dans l’Enfer, en explore les neuf cercles concentriques et rencontre les nombreuses personnes, dont des figures historiques, qui y sont assignées et suppliciées en raison de leurs péchés plus ou moins graves. Dans le huitième cercle, le poète rencontre le prophète Mahomet, puni«parce qu’en diffusant sa religion il aurait semé la discorde sur la Terre», comme l'indique Courrier International.
L'éditrice Myrthe Spitieri, dont les propos sont rapportés par De Standaard, a déclaré avoir procédé à cette coupe du texte d'origine car son équipe ne voulait pas «blesser inutilement une grande partie des lecteurs ».
Le quotidien belge précise cependant que cette censure spontanée de L'Enfer a suscité de nombreuses incompréhensions, comme celle de l’écrivain marocain Abdelkader Benali. Il s'agit pour lui d'un acte «malheureux» visant à «éviter des problèmes qui ne se seraient probablement pas produits». Selon l'écrivain, les traducteurs modernes de Dante en langue arabe se contentent de «notes de bas de page expliquant qu'il s'agit d'un écrivain littéraire et d'une image à replacer dans son époque». «En n'incluant pas ces informations, vous excluez le lecteur d'une partie du texte», argumente-t-il, tout en mettant en avant l'incohérence de cette nouvelle édition qui n'a pas supprimé «des passages tout aussi blessants dans lesquels les homosexuels sont punis».