«Je veux parler de choses joyeuses mec !» : Biden balaie des questions sur l'Afghanistan
En amont d'un week-end marqué par les célébrations de l'indépendance des Etats-Unis, le président américain a préféré repousser à plus tard les questions de journalistes sur le retrait américain d'Afghanistan.
Le départ des troupes américaines de la base militaire de Bagram en Afghanistan (située à une soixantaine de kilomètres au nord de Kaboul), a été officialisé le 2 juillet par le porte-parole du Pentagone John Kirby. Déjà évoqué à plusieurs reprises sous la présidence Trump, le retrait de tous les soldats américains du pays pourrait être finalisé dans les prochains mois.
En effet, Joe Biden a expliqué que certaines forces resteraient encore sur place en septembre dans le cadre d'un «retrait rationnel». Pour rappel, en avril dernier, le président américain était revenu sur la date butoir initialement fixée le 1er mai 2021 dans un accord signé par son prédécesseur, repoussant alors le départ des troupes américaines du pays au 11 septembre 2021, date qui symbolise pour Washington l'élément déclencheur de son intervention en Afghanistan.
Je veux parler de choses joyeuses mec !
Largement commenté à l'échelle internationale, le départ des troupes américaines de Bagram n'a pour l'heure pas fait l'objet d'une communication particulière sur les réseaux sociaux, ni de la part de l'armée américaine, ni de l'OTAN. L'actuel locataire de la Maison Blanche n'a pas non plus souhaité s'épancher sur le sujet face aux journalistes qui l'ont relancé lors d'une conférence de presse à Washington. «Je veux parler de choses joyeuses mec», a même répondu le chef d'Etat américain à l'un d'entre eux, le 2 juillet.
Joe Biden dismisses reporter's question on Afghanistan: "I want to talk about happy things, man!" pic.twitter.com/CnK4vOVPPT
— The Post Millennial (@TPostMillennial) July 2, 2021
«Je ne vais plus répondre [aujourd'hui] aux questions sur l'Afghanistan. J'y répondrai la semaine prochaine, mais pour le moment, c'est un week-end férié et je vais le célébrer. Il y a de grandes choses qui se passent ici», a-t-il poursuivi en référence au jour de l'indépendance des Etats-Unis célébré le 4 juillet.
President Biden to reporters: "Look, it is Fourth of July. I'm concerned that you guys are asking me questions that I'll answer next week. But on this holiday weekend, I'm going to celebrate it. There's great things happening." pic.twitter.com/84bLUlo9th
— The Post Millennial (@TPostMillennial) July 2, 2021
En tout état de cause, la présence américaine en Afghanistan constitue un dossier autrement plus épineux que les célébrations du week-end outre-Atlantique, puisqu'elle rappelle une intervention militaire dont les intentions de départ, tout comme les pratiques de l'armée sur place – mises en lumière grâce à des révélations permises par WikiLeaks –, continuent de faire l'objet de vives critiques sur la scène internationale.
«20 ans de confit, 2 442 soldats américains tués, et plus de 47 000 victimes chez les civils afghans. Une débâcle militaire symbolisée par la caserne militaire de Bagram», relève France Info au sujet d'une base américaine qui, au total, aurait accueilli jusqu’à 100 000 militaires depuis 2001.
Il est maintenant clair que les Américains sont venus ici pour leurs propres objectifs, et non pour aider et coopérer avec l'Afghanistan
Ainsi qu'en témoigne un reportage publié ce 4 avril par Reuters, le retrait des soldats américains d'Afghanistan laisse un goût amer à la population locale. «A quoi ont servi toutes les destructions, les meurtres et la misère qu'ils nous ont apportés ? Je souhaite qu'ils ne soient jamais venus», commente par exemple un mécanicien habitant à Bagram. «Les Américains laissent un héritage d'échec, ils n'ont pas réussi à contenir les talibans ou la corruption», déclare ainsi Sayed Naqibullah, propriétaire d'un magasin dans la ville. «Il est maintenant clair que les Américains sont venus ici pour leurs propres objectifs, et non pour aider et coopérer avec l'Afghanistan», déplore encore une étudiante afghane en médecine citée par l'agence de presse britannique.