Liban : heurts entre forces de l'ordre et manifestants devant la résidence d'un ministre
- Avec AFP
Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes contre des manifestants en colère protestant devant la résidence à Beyrouth d'un ministre accusé de bloquer l'enquête sur l'explosion survenue dans le port de la capitale libanaise le 4 août 2020.
Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté le 13 juillet aux abords de la résidence de Mohammed Fahmi, ministre libanais de l'Intérieur, située dans l'ouest de Beyrouth. Ainsi que le rapporte l'AFP, les affrontements ont fait plusieurs blessés, des deux côtés. Si aucun bilan n'a été communiqué pour les manifestants, les forces de sécurité ont pour leur part fait état d'une vingtaine de blessés dans leurs rangs.
Les proches des victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, qui a tué plus de 200 personnes, ont commencé à manifester dans l'après-midi avant d'être rejoints par des dizaines d'autres manifestants en soirée.
Les protestataires ont tenté de forcer l'entrée de l'immeuble du ministre de l'Intérieur par intérim Mohamed Fahmi, et la police anti-émeute présente en force a fait usage de bâtons et de gaz lacrymogènes pour les repousser. La manifestation s'est prolongée jusqu'en fin de soirée.
Des secouristes ont soigné sur place des manifestants suffoquant sous l'effet du gaz lacrymogène. Un homme a été blessé à la tête après avoir été battu par des membres des forces de sécurité.
Le 4 août 2020, la gigantesque déflagration a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt au port qui abritait des tonnes de nitrate d'ammonium stockées «sans mesures de précaution» de l'aveu même des autorités. Outre le lourd bilan humain, l'explosion a détruit des quartiers entiers de la capitale libanaise.
Des portraits des victimes et des cercueils déposés devant la résidence du ministre
Comme le relève l'AFP, l'enquête locale n'a toujours rien donné, aucun responsable n'ayant eu à rendre des comptes.
La manifestation, à l'appel des proches des victimes de l'explosion qui accusent les dirigeants politiques d'ingérence dans l'enquête, a eu lieu après que Mohammed Fahmi a rejeté au début du mois une requête du juge chargé de l'enquête, Tarek Bitar, d'auditionner Abbas Ibrahim, le directeur de la puissante Sûreté générale.
Les manifestants ont arraché les portes de l'entrée de l'immeuble du ministre, affiché des portraits des victimes et déposé des cercueils blancs devant le bâtiment.
Le juge d'instruction en charge de l'enquête, Tarek Bitar, a demandé au Parlement de lever l'immunité de trois députés qui ont occupé des postes de ministériels «en vue d'intenter des poursuites pour potentielle intention d'homicide et négligence et manquements». Le Parlement a alors réclamé des «preuves» supplémentaires avant de lever l'immunité, ce que le juge a refusé.
En juin, une cinquantaine d'ONG, dont Amnesty et Human Rights Watch, ont réclamé une enquête de l'ONU sur le drame après avoir dénoncé «des ingérences politiques flagrantes, l'immunité des hauts responsables politiques et des violations de la procédure régulière» dans l'enquête libanaise.