Afghanistan : les Taliban prennent la ville de Jalalabad et menacent désormais Kaboul
- Avec AFP
Les forces talibanes ont pris la ville de Jalalabad et menacent désormais de s'emparer de Kaboul. La capitale afghane est le dernier rempart face à leur prise de contrôle totale du pays.
Les Taliban ont pris la ville de Jalalabad dans la matinée du 15 août, a appris l’AFP auprès de résidents, ce qui ne laisse plus que Kaboul, la capitale, comme grande ville encore contrôlée par le gouvernement.
«Nous nous sommes réveillés ce matin avec les drapeaux blancs des Taliban partout en ville. Ils sont dans la ville. Ils sont entrés sans combattre», a déclaré à l'AFP Ahmad Wali, un habitant de Jalalabad.
Les Taliban ont aussi revendiqué la prise de la ville. «Il y a quelques instants, les moudjahidines sont entrés dans Jalalabad, la capitale de la province du Nangarhar. Toutes les zones sont maintenant sous leur contrôle», a déclaré Zabihullah Mujahid, l'un de leurs porte-paroles.
Outre Kaboul, une poignée de villes mineures sont encore sous le contrôle du gouvernement. Mais elles sont dispersées et isolées de la capitale, et n'ont plus une grande valeur stratégique.
Vers une prise de contrôle totale ?
En à peine dix jours, les Taliban ont pris le contrôle de la majeure partie du pays et sont arrivés aux portes de Kaboul, qui est maintenant complètement encerclée. Un porte-parole des Taliban a affirmé le 15 août sur Twitter : «L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d'attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d'entrer dans la ville.» De son côté, le ministère de l'Intérieur afghan a déclaré que certains combattants étaient déjà présents dans la capitale. Le ministre a également promis un «transfert pacifique du pouvoir à un gouvernement de transition».
Selon un porte-parole de la présidence afghane cité par l'agence Reuters, Ashraf Ghani s'est entretenu avec l'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, ainsi qu'avec des hauts responsables de l'OTAN.
D'après l'agence AP, qui cite un «responsable» afghan souhaitant conserver l'anonymat, des négociations sont actuellement en cours entre des responsables des Taliban et l'Etat central concernant une transition du pouvoir. Elles se déroulent au palais présidentiel. Un responsable des Taliban cité par Reuters a demandé une transition «aussi rapide que possible».
Le ministre de l'Intérieur pakistanais a lui annoncé que les Taliban avaient pris le contrôle du poste frontalier de Torkham. Ils disposent désormais d'un contrôle total sur l'ensemble des frontières afghanes. Selon un responsable des Taliban cité par Reuters, les combattants ont encerclé l’aéroport de Kaboul, qui continue néanmoins de fonctionner.
D'après l'agence AP, l'armée afghane a livré la base aérienne de Bagram aux Taliban. Elle avait été remise par l'armée américaine à l'Etat afghan le mois dernier et abrite 5 000 détenus.
Le 14 août au soir, les Taliban avaient pris Mazar-i-Sharif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays.
Les Taliban ont lancé leur offensive en mai à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, qui doit être achevé d'ici le 31 août.
Ils se sont d'abord emparés de vastes territoires ruraux sans rencontrer une grande résistance. Puis leur avancée s'est accélérée de manière spectaculaire ces derniers jours, nombre de villes tombant entre leurs mains presque tout aussi facilement.
Face à cette offensive, Joe Biden a décidé le 14 août de porter à quelque 5 000 soldats le déploiement militaire à Kaboul pour sécuriser l'évacuation de civils, tout en défendant sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre en Afghanistan.
Le président américain a annoncé dans un communiqué qu'après avoir consulté ses conseillers en matière de sécurité nationale, il avait décidé qu'«environ 5 000 soldats» seraient déployés à l'aéroport de Kaboul pour évacuer le personnel diplomatique, ainsi que les Afghans ayant travaillé pour les Etats-Unis et craignant des représailles des Taliban.
Joe Biden a prévenu les Taliban : «Toute action qui mettrait en danger des ressortissants américains ou notre mission recevrait une réponse militaire rapide et forte».
«Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n'aurait fait aucune différence, quand l'armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays», a-t-il ajouté, précisant : «Je suis le quatrième président à mener une présence militaire américaine en Afghanistan – deux Républicains, deux démocrates [...] Je ne lèguerai pas cette guerre à un cinquième.»