Guerre occidentale en Afghanistan : pour Gorbatchev «il fallait reconnaître l’échec encore plus tôt»
Le dernier président de l'URSS a jugé sévèrement la politique occidentale en Afghanistan. Selon lui, l'intervention otanesque était une erreur depuis le début, basée sur «une exagération de la menace et sur des plans géopolitiques assez vagues».
Interrogé par l'agence RIA Novosti sur la défaite occidentale en Afghanistan après deux décennies d'occupation militaire, l'ex-président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev a déclaré : « Il fallait reconnaître l'échec encore plus tôt. Maintenant, il est important de tirer des leçons et, au moins, de ne pas répéter de telles erreurs.»
Des tentatives irréalistes de démocratisation d'une société multi-tribale
Pour l'ancien dirigeant soviétique, l'intervention de l'OTAN en Afghanistan était «une mauvaise idée dès le début, bien que la Russie l'ait soutenue dans un premier temps». «Comme beaucoup de projets de ce genre, elle était basée sur une exagération de la menace et sur des plans géopolitiques assez vagues. A cela se sont ajoutés des tentatives irréalistes de démocratisation d'une société multi-tribale», a estimé l'ancien chef d'Etat, qui avait lui-même entamé dès la fin de la guerre froide le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, achevé en 1989.
La récente reconquête du pouvoir par les Taliban a lieu alors que les Etats-Unis et l'OTAN ont commencé en mai dernier le retrait de leurs 9 500 soldats, dont 2 500 militaires américains, encore présents en Afghanistan.
Les Etats-Unis étaient intervenus en Afghanistan en 2001 en invoquant le refus des Taliban de livrer le chef de l'organisation terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. En 20 ans de présence militaire dans le pays, Washington déplore 2 500 morts et a dépensé plus de 2 000 milliards de dollars.
Les insurgés islamistes taliban sont entrés à Kaboul le 15 août, après une fulgurante offensive qui en à peine dix jours leur a permis de prendre le contrôle de pratiquement tout le pays, et d'occuper le palais présidentiel déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger.