Pour Moscou, l'Occident n'a eu de cesse d'exploiter l'affaire Navalny à des fins politiques
A la vielle de l'anniversaire de l'hospitalisation en urgence d'Alexeï Navalny, la diplomatie russe a accusé Berlin et ses alliés d'utiliser le battage médiatique autour de l'empoisonnement présumé de l'activiste russe afin de discréditer Moscou.
«Les actions de ces 12 derniers mois des autorités allemandes et de leurs alliés indiquent clairement qu’une provocation planifiée a été menée contre notre pays, visant à discréditer la Fédération de Russie aux yeux de la communauté internationale et à nuire à ses intérêts nationaux» : c'est en ces termes, notamment, que la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères s'est exprimée, à la veille du premier anniversaire de l’hospitalisation en urgence à Omsk (Russie) d'Alexeï Navalny, survenue le 20 août 2020.
Maria Zakharova a fait valoir que les autorités allemandes, qui ont accusé dès septembre 2020 la Russie d’avoir empoisonné Navalny au moyen d'un agent neurotoxique, «n’ont toujours pas présenté à la communauté internationale de preuve matérielle ou documentaire vérifiable» à cela. Les médecins d’Omsk, où Navalny a été traité avant d'être transféré dans un hôpital de Berlin, n’ont de leur côté trouvé aucune trace d'une telle substance dans le corps de l'activiste russe, a rappelé la porte-parole de la diplomatie.
Exploitation du «battage médiatique», sanctions et ingérence
Pour Maria Zakharova, Berlin et ses alliés ne manquent aucune occasion «d’utiliser le battage médiatique lié à Navalny, créé artificiellement avec leur contribution directe», afin de mener des «attaques» contre la Russie dans le cadre de diverses organisations internationales, en prenant prétexte de préoccupations relatives aux droits de l’Homme.
Depuis l'hospitalisation d'Alexeï Navalny, Moscou a dénoncé à de multiples reprises l'exploitation par les Occidentaux de cette affaire. Le 14 février dernier par exemple, Vladimir Poutine avait estimé que de récentes manifestations ayant suivi le retour en Russie et l'emprisonnement d'Alexeï Navalny étaient alimentées depuis l'étranger dans le contexte sanitaire et économique délicat lié à la pandémie. «Plus nous devenons forts, plus cette politique d'endiguement est forte», avait assuré le chef d'Etat, ajoutant : «Ils utilisent ce personnage [Navalny] justement maintenant, au moment où tous les pays du monde, y compris le nôtre, connaissent l'épuisement, la frustration et l'insatisfaction» en raison «des conditions dans lesquelles ils vivent, du niveau de leurs revenus».
Cette ingérence étrangère s'est manifestée notamment par la participation, fin janvier, de trois employés des ambassades de Suède, de Pologne et d'Allemagne en Russie, à des actions illégales en soutien à Alexeï Navalny, incarcéré à son retour de Russie après sa convalescence. Les trois fonctionnaires ont été expulsés début février.
A cela s'ajoutent les sanctions prises par Bruxelles et Washington au cours de ces 12 derniers mois, au nom de la situation d'Alexeï Navalny. Ainsi le 15 octobre 2020, l'Union européenne, suivie par le Royaume-Uni et la Norvège, a sanctionné plusieurs personnalités et une entité qu'elle juge responsables de l'empoisonnement présumé d'Alexeï Navalny. En représailles, la Russie a élargi le 22 décembre la liste des représentants de pays membres de l'UE interdits d'entrer sur son territoire.
Par la suite, début mars 2021, les Etats-Unis et l'Union européenne ont annoncé des sanctions à l'encontre de plusieurs hauts responsables russes, en réponse à l'empoisonnement présumé, mais aussi à l'incarcération de Navalny – ce à quoi Moscou a répliqué fin avril par des mesures ciblant des hauts responsables de l'Union européenne.
L'affaire Navalny au cœur de tensions entre Occident et Russie
Pour rappel, Alexeï Navalny accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner – une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne – ce que réfute Moscou.
L'opposant russe a été traité dans un hôpital à Omsk puis à Berlin, dont il est sorti sans séquelles. Rentré en Russie depuis, il a été placé fin février 2021 en colonie pénitentiaire après qu'un tribunal de Moscou a confirmé en appel la révocation d'un sursis prononcé en 2014, pour violations répétées des conditions de ce même sursis.