Après des années de guerre, l'Ethiopie et l'Erythrée ont signé un accord de paix en 2018, accord pour lequel le Premier ministre éthiopien reçoit le prix Nobel cette année. Pourtant, sur le terrain la mise en œuvre de ce plan est loin d’être aboutie.
En 2018, l’Erythrée et l’Ethiopie mettent officiellement un terme à un très vieux conflit frontalier, et en octobre 2019, le Premier ministre éthiopien est désigné lauréat du prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de l’apaisement entre les deux pays. Pourtant, les objectifs de l’accord de paix peinent à se voir mis en œuvre. La frontière Ethiopie-Erythrée reste encore fermée, l’Ethiopie n’a toujours pas d’accès à la mer, et elle maintient son autorité sur la ville de Badmé qui devait revenir à l’Erythrée. Quelques changements géographiques sont effectués, mais l’essentiel reste à faire.
Qualifié souvent de « pays le plus fermé de l’Afrique », l’Erythrée redouble d’efforts pour rompre son isolement international. Asmara rétablit notamment ses relations avec la Somalie et Djibouti, autrefois empoisonnées par de vieux conflits. L’autre victoire remarquable de la diplomatie érythréenne est la levée des sanctions internationales, qui pesaient sur elle depuis 2009. L’apaisement des tensions dans la région fait par ailleurs le jeu des puissances du Golfe. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis s’intéressent de plus en plus à la Corne de l’Afrique.
Quels sont leurs objectifs ? Quelles perspectives la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée ouvre-t-elle ? Et, enfin, pourquoi malgré la signature de l’accord de paix, sa réalisation peine-t-elle à être mise pleinement en œuvre ? Pour répondre à ces questions nous retrouvons Marc Lavergne, géopolitologue, directeur de recherche au CNRS, Université de Tours, spécialiste du Moyen-Orient et de la Corne de l'Afrique.
L'ECHIQUIER MONDIAL. Ecosse : le grand retour de l’indépendantisme ?