Il y a 10 ans, au Moyen-Orient naissait un mouvement de contestation qui s’est propagé à une vitesse phénoménale et dont les conséquences ont modifié le paysage géopolitique d’une région toute entière. Que reste-t-il aujourd’hui du printemps arabe ?
Il y a dix ans un vent de changements soufflait dans le monde arabe. Des centaines de milliers de personnes descendaient dans la rue pour exiger des réformes sociales, économiques et politiques. Pourtant, une décennie plus tard, le résultat est plutôt décevant. Première à vivre une révolution, la Tunisie n’a pas vraiment amélioré son bilan économique : le chômage reste élevé, la corruption ne recule pas. L’autoritarisme contre lequel s’est levée la population égyptienne n’a pas disparu non plus. Or, la pire conséquence du printemps arabe est l’apparition de trois nouveaux foyers de guerre : en Libye, en Syrie et au Yémen. Certains Etats ont cependant réussi à neutraliser la menace des révoltes populaires et ont fait tout pour qu’elles ne se reproduisent plus. Ainsi, l’Arabie saoudite et Bahreïn ont drastiquement renforcé la censure politique alors que la Jordanie et le Maroc ont démarré une série de réformes. Le Liban, l’Algérie, le Soudan et l’Irak, eux, sont secoués par une nouvelle vague de contestation qui a démarré en 2018.
Qu’est-ce qui est à l’origine de toutes ces révoltes dans le monde arabe ? Comment le printemps arabe a-t-il changé la carte géopolitique de la région ? Où en sont actuellement les pays affectés par la révolte populaire ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer reçoit Kader Abderrahim, spécialiste du Maghreb et de l'islamisme, chercheur à l'IRIS et directeur de recherche à l'IPSE.
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