Une campagne politico-médiatique est ouvertement lancée contre Zelensky. Pour Karine Bechet, loin de mettre un terme à la guerre en Ukraine, une éviction bruyante de Zelensky permettrait de «blanchir» les Globalistes et de leur redonner des forces.
L'ingénierie utilisée en son temps pour discréditer Porochenko est réemployée aujourd’hui contre Zelensky. N'ayons aucun doute, elle est mise en œuvre par les mêmes forces.
Nous avons ainsi vu ressurgir des toilettes en or, des mallettes d’argent liquide, le tout accompagné par un scandale de corruption touchant des proches de Zelensky, dont évidemment, il ne pouvait pas ne pas être au courant et dont il devait avoir personnellement bénéficié.
Si les médias russes en font, en toute logique, des gorges chaudes, les médias occidentaux – dont l’indépendance, ne peut jamais, ô grand jamais, être remise en cause – s’indignent et s’étonnent. Les journalistes nous sortent le grand jeu de la vierge effarouchée : Mais comment ? Mais ce n’est pas possible ? Quelle horreur !
Bref, les médias occidentaux font semblant de découvrir ce qu’ils savaient déjà et qui ne les dérangeait pas outre mesure, puisque leurs mandataires n’y voyaient aucun problème. Il est vrai que, sur le fond, la corruption dans ces pays est largement et sciemment entretenue par l’Occident : un dirigeant corrompu est un dirigeant contrôlable. De plus, une corruption endémique, comme c’est le cas en Ukraine, affaiblit le pays tout entier et réduit l’efficacité des mécanismes institutionnels de gouvernance, tout en faisant peser une épée de Damoclès sur les élites formellement dirigeantes, dont la légitimité face au peuple dépend de la bienveillance et de l’aveuglement (temporaire et volontaire) de leurs donneurs d’ordres.
C’est acté : Zelensky est corrompu. Ce n’est pas qu’il ne l’était pas avant, mais maintenant, c’est tombé dans l’espace public et cela doit être vu. Et nous obtenons un discours totalement hors-sol, d’analystes pourtant chevronnés. Ainsi Tucker Carlson commente le Wall Street Journal à ce sujet : « Le Wall Street Journal publie un article détaillant la corruption personnelle d'Andriï Yermak, le deuxième homme le plus puissant d'Ukraine. Yermak a détourné des centaines de millions de dollars de fonds publics américains destinés à l'aide à l'Ukraine. Les rédacteurs du Journal peuvent le prouver. Mais ils ne le font pas. Au contraire, ils protègent Yermak. Pourquoi ? Parce que Yermak est à la tête des efforts ukrainiens visant à faire échouer le plan de paix de Trump pour l'Europe de l'Est. Les propriétaires du Wall Street Journal ne veulent pas la paix avec la Russie. Ils veulent la guerre. Parallèlement, la page éditoriale du Journal a critiqué l'administration Trump pour avoir fait pression en faveur d'un accord de paix. ».
Autrement dit, dans cette logique ubuesque, « Trump le Pacifique », dont le plan de paix prévoit en réalité la capitulation de la Russie, est mis à mal par des corrompus ukrainiens, qui veulent la guerre eux aussi en vue de la capitulation de la Russie, guerre qui de toute manière finance le complexe militaro-industriel américain.
Et d’autres grands commentateurs, comme Scott Ritter, en arrivent à penser que la chute du « régime de Zelensky » entrainera la chute des dirigeants européens, qui lui seraient liés. Comme si le sort de l’Ukraine dépendait de celui de Zelensky ...
Beaucoup voient en effet comme conséquence de ces scandales la chute de Zelensky, qui doit entraîner des « élections » en Ukraine, ce qui par magie devrait faire tomber une partie des élites globalistes et ... pourquoi pas mettre en place un véritable Président en Ukraine. Amen ! Hourra ! Trump vaincra et la Pax Americana protègera le Monde ! Re-Amen !
Cette vision des choses semble pourtant beaucoup emprunter au Deus ex machina dans le théâtre. Et le raisonnement est vicié dès l’origine.
Tout d’abord, depuis quand les marionnettes peuvent-elles faire chuter le marionnettiste avec elles ? Zelensky est une figure, une marionnette, qui fait ce que le marionnettiste lui dit de faire. Si, en ce sens, Zelensky n’a pas formellement signé le plan de Trump, c’est que soit ce plan ne doit pas être signé, car le processus est plus important pour les Globalistes que le résultat, soit que Trump ne contrôle pas le processus. Et ne disposant pas alors du pouvoir qu’il prétend détenir, il n’est lui-même qu’un projet.
Donc pourquoi le départ de Zelensky devrait-il emporter la chute des élites globalistes européennes, qui dans la hiérarchie globaliste lui sont supérieures ? Ces élites utilisent les figures politiques qu’elles placent à Kiev, pour gouverner le territoire à distance. Si ces figures sont grillées, elles en mettent d’autres. Porochenko, parfaitement soutenu par ces mêmes élites, a été remplacé par Zelensky, sans que ces élites globalistes n’aient été éclaboussées.
Quelle différence aujourd’hui ? Trump ? La division des élites globalistes entre américaines et européennes est une guerre de famille, mais le pouvoir reste globaliste. Et le projet « Trump le Pacifiste » en est la parfaite expression. Lui-même et la porte-parole de la Maison-Blanche ne cessent de positionner les États-Unis comme un arbitre ... dans leur propre guerre. La dernière déclaration en date de la porte-parole : « Nous avons le sentiment d'être dans une situation très favorable… Le président mérite d'être grandement félicité pour l'énergie et les efforts qu'il a déployés pour tenter de mettre fin à cette guerre entre les deux camps. ».
Le scandale de corruption autour de Zelensky et même les toilettes en or n’ont aucun effet sur la ligne stratégique et la guerre atlantiste contre la Russie sur le front ukrainien ne sera pas arrêtée pour cela. Elle sera véritablement arrêtée quand l’une des parties aura été vaincue, soit sur le champ de bataille, soit sur le champ politico-diplomatique.
En soi, d’ailleurs, le départ avec fracas de Zelensky servirait parfaitement les intérêts des élites globalistes. Et si leur pion doit être sacrifié « pour la bonne cause », il le sera sans aucun état d’âme de leur part. Lui le sait et cela peut lui faire peur. Mais qui cela intéresse-t-il ?
Sa mise à l’écart présenterait au minimum deux intérêts. Tout d’abord, son capital politique est en chute libre : aucun « dirigeant » en Ukraine ne peut être populaire, avec les consignes indiscutables qu’il doit mettre en œuvre pour servir les intérêts atlantistes. Les Globalistes se débarrasseraient ainsi de ce qui ressemble de plus en plus à un poids mort et eux en ressortiraient blanchis. Ensuite, toute élection ne servirait qu’à mettre en place une nouvelle figure, au capital politique renouvelé (pour un temps), qui servirait avec une énergie toute fraîche les intérêts des Atlantistes.
Soyons sérieux, tout processus électoral en Ukraine aujourd’hui serait une farce, organisée par les Globalistes qui contrôlent aussi bien le territoire que les institutions. Aucune liberté d’expression ni de vote n’est possible dans ces conditions.
Si chacun veut « la paix » et cela est parfaitement normal, une mauvaise paix n’est pas mieux qu’une guerre, puisqu’elle prépare une aggravation du conflit, comme l’histoire l’a souvent démontré. Il est dès lors important de ne pas se laisser prendre par les apparences aguichantes d’un discours particulièrement manipulateur... et magique.
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