Le résultat d'un renversement éventuel du président Bachar al-Asad serait «un désastre» car il mènerait à ce que les groupes liés à Daesh «reprennent le dessus», considère Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords britannique.
RT :Le dernier vote du Parlement convoqué par David Cameron sur l’intervention en 2013 était un «non» définitif. Le sondage de Sky News indique que le public la réprouve toujours. Que vous pensez-vous de l’initiative de Boris Johnson de ressusciter l’idée d'une intervention militaire en Syrie ?
Caroline Cox (C. C.) : Ma réponse est basée sur ce que qu’on a vu durant les visites non seulement à Damas, mais aussi à Alep, à Lattaquié, où on a eu des rencontres avec les patriotes syriens, le Grand Mufti, le président Assad et les populations locales. Il est important de faire entendre leur voix, parce que leur opinion n’est pas transmise, particulièrement dans les médias occidentaux. Et eux ne veulent pas le changement forcé de régime. Ils disent que le président Assad est sans doute critiqué pour des raisons compréhensibles, mais il a été élu par la population syrienne, et il est respecté. En cas du changement de régime forcé, le pays se retrouverait entre les mains des terroristes islamistes, tels que Daesh et d’autres groupes terroristes. Les groupes de rebelles armés «modérés» sont très peu nombreux, selon les renseignements de la population locale qui connait la situation. Ils ne veulent pas que leur pays devienne un autre Irak ou la seconde Libye. Ils veulent choisir leur sort eux-mêmes, ils ne veulent pas d’intervention. C’est ce que nous ont dit les personnes qui ont été obligées de fuir chez le Grand Mufti et le gouverneur d’Alep du partout d&ns le pays.
RT :Le Ministre des affaires étrangères Boris Johnson montre plus d’enthousiasme à déployer l’opération militaire que les diplomates – pourquoi ne prône-t-il les solutions plutôt politiques en Syrie ? Ou bien, il ne le considère comme une option réelle ? Les pays occidentaux ont tendance à avoir la gâchette un peu facile. Pourquoi donc ils ne font pas plus, notamment les Etats-Unis, pour séparer les groupes rebelles des terroristes, comme ils l’ont promis il y a des mois ?
C. C. : Je ne le comprends pas, je me suis prononcée contre cela à la Chambre des Lords ce matin. Le ministre est très virulent dans ses critiques contre le président Assad. Mais il y a eu beaucoup de soutien parmi de nombreux membres qui s’inquiètent de deux points en particulier. Le premier point c’est l’interprétation de la situation par les médias occidentaux. On entend tout le temps parler des attaques de l’armée régulière gouvernement syrienne,du fait qu’ils emploient des armes chimiques ; mais on n’est jamais informé de l’emploi des bombes à fragmentations et des armes chimiques, ni des attaques des groupes des rebelles islamistes. Le jour de ma visite à Alep, l’Université a été frappée par quatre missiles. On n’entend jamais les deux aspects de la question. Et maintenant les gens se demandent pourquoi. Et, comme je l’ai déjà dit, l’aspect le plus inquiétant ce sont les conséquences possibles d'une intervention qui renverserait Bachar el-Assad et qui mènerait à ce que les groupes liés à Daesh reprennent le dessus et ce serait un désastre. Et les gens commencent à réaliser cela, à mon avis.
Nous-mêmes, nous vivons dans nos sociétés démocratiques, et il faut respecter le droit du peuple syrien pour la démocratie
RT :Quelles sont les risques d’une autre intervention des forces occidentales dans la région ? On a vu ce qui s’est passé en Irak et en Lybie. Ces pays sont toujours plongés dans la violence. Pourquoi la situation en Syrie serait-elle différente ?
C. C. : C’est une bonne question, moi aussi, je la pose. Ils devraient le faire. S’il y a des groupes de rebelles modérés armés responsables, il faut les séparer des groupes terroristes, mais les gens à qui nous avons parlé affirmaient que ces groupes modérés étaient très peu nombreux. Je dois attester que le président Assad a créé un ministère de la Réconciliation qui travaille de façon très intense dans 70 villes, cités et villages pour faire cette distinction, pour permettre à certains rebelles armés de poser leurs armes. Certains choisissent de joindre l’armée syrienne, la police ou reprendre leurs activités agricoles. Certains qui ne veulent pas poser les armes ont l’autorisation de partir mais ils doivent quitter ces régions particulières. Il faut soutenir cette initiative syrienne. Le changement du régime ce ne pas ce que souhaite le peuple syrien d’après ce que nous avons entendu. Nous-mêmes, nous vivons dans nos sociétés démocratiques, et il faut respecter le droit du peuple syrien à la démocratie.
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