La signification profonde de la présidentielle américaine est le «rejet du projet de globalisation à l’américaine par les Américains eux-mêmes», estime l'écrivain politique Diana Johnstone.
Il faudra encore attendre pour couronner la première femme président des Etats-Unis. Les électeurs n’en voulaient pas. Non pas parce qu’elle est une femme, mais à cause de cette fameuse «expérience» dont elle se vantait. Expérience de mensonges, de corruption, de millions de dollars gagnés en flattant Goldman Sachs, expérience de guerres menant au chaos.
Hillary Clinton s’est construite de façon à être le chouchou du complexe militaro-industriel, de Wall Street, du parti de la guerre. Elle était fière d’être championne des «changements de régime», au Kosovo, en Libye, en Syrie... Ainsi elle a attiré une quantité de dollars sans précédent pour sa campagne, et pour cette Fondation Clinton, un mécanisme de trafic d’influence mondial dont les multiples scandales restent à être exposés et portés devant les tribunaux.
Pour détourner l’attention du public de ses turpitudes, elle a stigmatisé les supporters de Trump comme étant «déplorables», de pitoyables imbéciles motivés seulement par leur «haine», leur racisme, sexisme, homophobie, xénophobie – des fascistes en puissance. Les principaux médias européens ont fait écho à ces thèmes, et ont caché les vrais enjeux de cette élection, sonnant l’alarme contre le péril Trump.
Cette campagne contre «la haine» a attisé certainement la haine. Mais surtout contre la caste située au bas de l’échelle de la société mondialisante : les hommes blancs hétéros de la classe ouvrière. La sale espèce de «populistes».
Les implications de cette élection pour les Européens, recrutés malgré eux dans ce projet dévastateur, sont énormes
C’est comme le Brexit. Pour les hérauts de la mondialisation, la seule raison imaginable de s’y opposer ne peut être que le racisme et la xénophobie. Sinon, on serait heureux de confier son avenir à la gouvernance du capital financier international.
Pourtant, le succès inattendu de Bernie Sanders avait déjà démontré que la gauche américaine ne voulait pas d'Hillary. Sans les manipulations de la machine du parti, les démocrates auraient pu nominer un candidat progressiste qui avait toutes les chances de gagner, en attirant beaucoup de citoyens mécontents qui se sont tournés vers Trump faute de mieux. Le parti démocrate est responsable de sa débâcle.
Il y avait beaucoup de raisons de voter pour Trump. La principale, c’était sans doute les traités commerciaux internationaux qui ont mené à la désindustrialisation, détruisant des millions d'emplois. Les Clinton étaient pour. Contrairement à ce qu’on lit dans les grands journaux, il y a même des intellectuels qui ont voté pour Trump, en espérant éviter la guerre mondiale. Car Trump avait parlé en faveur de relations normales avec la Russie, ce qui lui a valu d’être traité par les Clintoniens d’«agent de Poutine».
La profonde signification de cette élection est le rejet du projet de globalisation à l’américaine par les Américains eux-mêmes.
Les implications pour les Européens, recrutés malgré eux dans ce projet dévastateur, sont énormes.
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