L'autorisation des Etats-Unis pour la livraison d'armes sol-air aux rebelles «modérés» vise à les transmettre aux extrémistes, explique Mohammad Marandi, professeur à l’Université de Téhéran, en revenant sur le controversé projet de loi américain.
La Russie a vivement critiqué le projet de loi 2017 sur les dépenses à la défense, signé récemment par le président Barack Obama. Le National Defense Authorization Act de 2017 (NDAA) donne aux Etats-Unis l'autorisation de vendre des systèmes missile sol-air (MANPADS). Moscou voit dans cette mesure un «acte hostile».
RT : Que pensez-vous du fait que les Etats-Unis fournissent aux rebelles les MANPADS ? Partagez-vous les préoccupations du porte-parole russe du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova ?
Mohammad Marandi (M. M.) : Je pense que c'est évident : les Iraniens et le peuple de Syrie, à qui j’ai parlé à Damas, sont persuadés que les Américains fournissent ces armes intentionnellement, sachant qu’elles seront transmises aux extrémistes. Les Américains donnent des armes aux soi-disant modérés afin de pouvoir plus tard, quand un événement tragique surviendra, prétendre qu’ils n’étaient pas responsables. Mais d'après nous, comme dans le cas des armes sophistiquées livrées aux extrémistes, les Américains le font intentionnellement.
Les gens à Alep sont très sceptiques quant aux intentions turques, et il y a beaucoup de colère envers la Turquie
RT : Après la récente rencontre à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Iran et de la Turquie sur la Syrie, il y a eu des spéculations selons lesquelles les Etats-Unis avaient été mis à l’écart sur le front syrien. Etes-vous d'accord ?
M. M. : Ces derniers jours, j’étais à Alep et je viens de revenir de Damas. Les gens dans cette région sont très sceptiques quant aux intentions turques et il y a beaucoup de colère envers la Turquie. J'ai parlé à mes collègues et aux étudiants sur le campus - selon eux, on ne peut tout simplement pas faire confiance au président turc. Ils attendent donc de voir ce qui va se passer. Ils n'attendent pas grand chose de la solution négociée à cette étape.
RT : Vous avez récemment visité Alep, qui a été libérée par les forces russes et syriennes. Dites-nous ce que vous y avez vu.
M. M. : J’ai visité différentes parties de la ville, et une des choses intéressantes a été le fait que j'ai pu avoir des conversations avec un grand nombre de réfugiés sortis d'Alep-Est. Ils m'ont dit que les extrémistes les empêchaient de partir et qu'ils ne pouvaient s’échapper que dans la nuit, lorsque les extrémistes battaient en retraite sur différents fronts. On pouvait les fusiller, et certains m'ont raconté qu'ils avaient été témoins du meurtre d'habitants.
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