La récente opération terrestre des Etats-Unis au Yémen et la décision de Donald Trump de continuer les frappes de drone entamées par Obama pourraient indigner le peuple américain, assure le journaliste et auteur David Swanson.
Un commando américain a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une opération au Yémen, devenant ainsi les premières victimes américaines sous la présidence de Donald Trump. Selon une déclaration du commandement central américain, le soldat est mort lors d’un raid contre Al-Qaïda. C'est la première reconnaissance officielle de la présence de forces américaines sur le terrain au Yémen.
Barack Obama avait donné à ses divers subalternes le droit de choisir des gens et les tuer avec des missiles envoyés depuis des drones
RT : Les Etats-Unis mènent des frappes de drones au Yémen depuis des années, mais cette opération terrestre approuvée personnellement par Donald Trump marque une escalade spectaculaire. Quel impact pourrait-elle avoir sur la situation dans le pays ?
David Swanson (D. S.) : Je ne sais pas si elle marque une escalade, mais elle marque une nouvelle forme ou, du moins, une forme rare et inhabituelle d'engagement américain, au risque de perdre des vies, ce dont le public américain est informé et est habitué à se préoccuper. Mais les frappes de drones ont continué depuis que Donald Trump est devenu président, qu'il ait été sollicité ou non, parce que Barack Obama avait donné à ses divers subalternes le droit de choisir des gens et les tuer avec des missiles envoyés depuis des drones. Cela pourrait également provoquer la colère de l'opinion publique américaine, parce que c'est quelqu'un d'autre qui le fait. Ce serait une sorte d'hypocrisie et d’aveuglement partisan. Je l'espère sincèrement. A ce stade – les Etats-Unis ont assisté à des années de meurtres par drone sous Obama – si les gens sont indignés par cela maintenant, sous la présidence Trump, ce serait une bonne chose.
Donald Trump a l'air de suivre l'establishment militaire à Washington, dont il veut accroître les financements
RT : Donald Trump a vivement critiqué les interventions militaires américaines par le passé, mais depuis une semaine qu'il est président, il intensifie déjà le rôle de Washington au Yémen. Où cela pourrait-il bien le mener ? Est-il possible de voir les Etats-Unis jouer un rôle militaire plus agressif ?
D. S. : Je suis certain qu’il s’agit d’une proposition qui lui est venue de l’armée. Il n'a pas monté cette petite action en particulier, il a donné son approbation. Il a fait une campagne fustigeant l’inutilité de l’OTAN. «On pourrait avoir besoin de se débarrasser de l’OTAN.» Et la minute où il reçoit le moindre embryon de riposte des militaires, il répond : «Ce n'est pas ce que je voulais dire. Nous devons rendre l'OTAN encore meilleure, il faut seulement que chacun paie sa part.»
Il a fait campagne contre le F-35, un avion militaire très coûteux, puis il a rencontré les militaires et le fabricant Lockheed Martin... C'est donc quelqu'un qui a l'air de suivre l'establishment militaire de Washington, dont il veut accroître les financements. Lors de son premier jour, il est allé à la CIA et a dit : «Nous avons l'opportunité de voler le pétrole irakien», quoiqu'il ait voulu dire par cela. Oui, il a dit : «N'intervenons pas ; ne renversons pas de gouvernements», mais je n'y vois pas de réelle position. Nous allons devoir essayer de nous y faire.
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