Face au mouvement des Gilets Jaunes, de l'opposition, seuls la France insoumise et le Rassemblement national se font vraiment entendre. La journaliste Nadia Le Brun s'interroge : qu'est donc devenue la droite française ?
Où est la droite en France ? Dans les choux ! Perdue entre son centre et son extrême ! Divisée, dispersée, frileuse, nébuleuse… Le discours est mi-figue, mi-raisin, le verbe, comme le verre à moitié vide, à moitié plein. Pourquoi, dans l’opinion publique, n’imprime-t-elle plus les esprits, n’incarne-t-elle plus le contre-pouvoir, le laissant à La France insoumise et au Rassemblement national ? Deux partis visibles, offensifs, réactifs, identifiés par leurs leaders et leurs coups d’éclats.
Les Républicains sont-ils à ce point largués pour être autant inaudibles ou bien avancent-ils en sous-marin ? Leur manque d’aspérité dans le débat comme dans l’opinion procéderait-il d’une stratégie attentiste ? S’agirait-il de se faire discret pour peser plus le moment venu, en se positionnant au niveau local, fixer un cap, équiper le navire de guerre LR pour dégainer leurs munitions novatrices et ainsi libérer les Français de la foudre de Jupiter ? Dans cette hypothèse, reste à connaître le commandant de bord, la ligne directrice et les manœuvres de reconquête.
Comment se présente la bataille navale ? A tribord, avec un équipage renouvelé, armée de réformes assumées (exit donc les Juppé et autres Macron-compatibles), parlant d’une même voix. Quitte à débarquer les tièdes, dissonants et autres conformistes. Et tuer les pères trop encombrants. Un commando avec une politique souverainiste assumée et un programme économique qui, sans être totalement protectionniste, coulerait par le fond les vielles recettes néolibérales, mené par un Macron en total décalage avec les nouvelles tendances mondiales.
Les Républicains sont-ils à ce point largués pour être autant inaudibles ou bien avancent-ils en sous-marin ?
Afin de redevenir crédibles, convaincre et fédérer les citoyens, seules des propositions d’envergure offrant des solutions concrètes s’imposeront. Peu importe qu’elles viennent de droite ou de gauche, si elles privilégient l’intérêt commun, la compétitivité du pays, le travail et l’emploi. A condition aussi qu’elles soient intelligibles, éclairantes, concertées, travaillées en profondeur, énoncées en toute transparence. Belles intentions, à qui on opposera un bilan, celui des années pendant lesquelles la droite était au pouvoir, avec les résultats que l’on connait. C’est une des raisons pour lesquelles Laurent Wauquiez, 43 ans, est inaudible. Contesté au sein de sa famille, sans résonance nationale, est-il un médiocre homme politique ? Non au regard de son action, en tant que Président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Selon son bilan économique publié par l’INSEE en mai 2018 pour 2017, ses résultats sont supérieurs à la moyenne nationale, notamment en termes d’emploi, de tourisme, de qualité de l’air, d’agriculture, de transports, etc.
Cet élu de la République, député (à 29 ans), maire, président de Région, nommé à plusieurs reprises ministre sous Nicolas Sarkozy, diplômé de Sciences-Po, major de L’ENA, a toutes les compétences pour être un bon capitaine. Mais pour l’heure, il mène sa barque au fil de l’eau. Et fait rire les crocodiles.
Les Français attendent de l’équité et de la crédibilité mais surtout la capacité à dominer Bercy, symbole d’une administration sclérosée et conservatrice, à imposer l’intérêt national face à Bruxelles
En octobre dernier, Laurent Wauquiez annonçait son plan d’action pour la France avec la réduction des dépenses publiques de l’Etat de 20 à 30 milliards, la semaine de 39 heures dans la fonction publique, la suppression des régimes spéciaux, un arrêt des incitations à l’immigration, l’obligation de cotiser trois ans pour les étrangers avant de bénéficier des droits sociaux ou encore la lutte contre la fraude fiscale. Un programme convenu, dans le sillage d’Emmanuel Macron, bien insuffisant pour marquer les esprits et pour remettre à flot le paquebot France.
A rester ainsi à la surface des choses, les Républicains laissent les Français de glace. Quand on fait métier de la politique autant s’engager à fond dans la voie du changement. Mais attention : le temps n’est plus aux promesses électoralistes, aux idéologies qui confortent, réconfortent et au final mènent en bateau. Les Français attendent de l’équité et de la crédibilité mais surtout la capacité à dominer Bercy, symbole d’une administration sclérosée et conservatrice, à imposer l’intérêt national face à Bruxelles.
Laïcité : la justice donne raison à Laurent Wauquiez et autorise ses crèches de 2017
— RT France (@RTenfrancais) November 23, 2018
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Exactement ce que n’a pas fait Macron, marin d’eau douce, plongeant les citoyens dans le désarroi et la paupérisation. Le critère de vote de demain sera motivé par la fiabilité d’un plan de sauvetage économique. S’imposer dans la tourmente afin de nous sortir la tête de l’eau. Tenir le cap, certes, mais aussi tenir la barre. A l’horizon, aucune des bouées de secours lancées par les différents bords politiques n’est assez gonflée, insubmersible ou viable… Au peuple, sauvé des eaux.
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