Qui aura les faveurs des plateformes érigées en censeurs de la liberté d'expression par la loi Avia et les Marcheurs : Zemmour et son sens permanent de l'esprit critique ou Tariq Ramadan et ses disciples communautaristes ?
Dans un voyage en «Macronite», j'ai imaginé sans complexe qu'un matin je contrôlais la parole de mes concitoyens!...voilà une adaptation personnelle d'une chanson de Sardou qui, à mon sens, résume bien l'évolution de l'idéologie liberticide, En Marche, au sein de notre République... les voilà nos dirigeants, si peu sûrs d'eux qu'ils préfèrent museler les oppositions.
Première étape, une loi sur les «fake news» pour rayer de la carte toute forme de contestation politique sur les réseaux sociaux. Deuxième étape, mettre sous cloche la presse qui ne diffuserait pas des informations fiables en se servant du confinement. Et enfin, quelques jours après le déconfinement, la loi Avia qui porte un insupportable coup d'épée à la loi, quasiment sacrée dans notre paysage républicain, du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et le rôle protecteur du juge judiciaire pour protéger la liberté d'expression et d'opinion.
Adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 13 mai, la proposition de loi contre les propos haineux sur Internet commencera à produire ses effets le 1er juillet 2020. Sauf si le Conseil constitutionnel invalide certaines dispositions.
Cette loi impose aux grandes plateformes du net de retirer en moins de 24 heures après leur signalement des contenus manifestement illicites (propos ou médias racistes, sexistes ou homophobes, harcèlement sexuel, négationnisme, provocation à la haine, etc.). Dans des cas précis et encadrés, ce délai peut être ramené à 1 heure (apologie du terrorisme ou appel à des actes terroristes, contenus pédopornographiques).
Confier notre liberté d'expression et d'opinion à Facebook et Twitter, et en faire ainsi des censeurs est choquant...mais le pire est surtout de vouloir contourner le juge, puisque ce seront aux plateformes du net qu’il reviendra de réagir aux notifications de contenus illicites et de punir. Or, celles-ci seront de fait poussées à agir car le refus de traiter un signalement ou le retard dans sa prise en charge les exposeront à une amende de 250 000 euros, qui pourra être suivie d’une sanction administrative du CSA...
C’est cette mise à l’écart du juge judiciaire, qui est pourtant le garant, comme le prévoit la Constitution, des libertés individuelles, qui est inacceptable.
Ainsi, tout propos critique contre l’islamisme radical pourra faire l’objet d’une campagne de signalement qui pourrait permettre de censurer le message ou même le compte en question.
Le concept même de propos ou contenus haineux est trop vague pour être pertinent. Ce n'est pas à Facebook ou Twitter de décider de l’appréciation du caractère délictueux de tel ou tel propos, de telle ou telle publication !...sinon vous pourrez dire adieu aux essayistes comme Finkelkraut, Zemmour, Bruckner... à tous les essayistes engagés contre l'Islam politique, comme moi qui avait déclaré que «l’islamisme est le nazisme du XXIe siècle» par exemple, et pourquoi pas aussi aux écrivains comme Houellebecq...
Derrière cette tentative de museler la liberté d’expression, il y a une volonté de réduire les opinions divergentes. Très vite nous glisserons vers une société des règlements de compte numériques. Les agressions qu’a subies Eric Zemmour démontrent que la violence des réseaux sociaux est une violence réelle, que l’on retrouve dans la vraie vie. La loi Avia a pour effet pervers de légitimer cette violence en limitant la liberté d’expression sous couvert de lutter contre les «propos haineux». Elle donne ainsi des arguments à tout ceux qui veulent faire taire les voix qui ont le courage de défendre leurs convictions contre des minorités agissantes et obscurantistes.
Avec la loi Avia, il y a fort à parier que tout ce qui ne sera pas adoubé par la pensée unique, obsédé par la non-stigmatisation et le principe de précaution, sera mis en quarantaine par nos nouveaux censeurs... et laissera place à une tyrannie des minorités.
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