France : la diplomatie russe promet des «représailles» à toute action à l’encontre de ses représentants
Maria Zakharova a mis en garde Paris contre toute mesure coercitive qui pourrait être prise suite à une interview du porte-parole de l’ambassade russe en France. Celui-ci ayant rappelé la position de Moscou sur l’envoi de militaires français en Ukraine, le Quai d’Orsay a fustigé des «propos scandaleux», affirmant réfléchir à une réponse.
Nouvelle passe d’armes entre les diplomaties russe et française. «S'ils touchent nos diplomates, ils recevront des mesures de représailles», a averti le 5 juin sur sa chaîne Telegram la représentante du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Une réponse à la menace brandie par le Quai d’Orsay à l’encontre de l’ambassade de Russie suite à une interview de son porte-parole, Alexander Makogonov.
Invité sur BFM le même jour, celui-ci avait rappelé la position de la diplomatie russe et du Kremlin quant à l’envoi potentiel de militaires français en Ukraine, à savoir que ceux-ci constitueraient une cible légitime pour les forces armées russes. Des déclarations qualifiées de «nouvelle provocation» par Alice Darfeuille, la journaliste de la chaîne d’information française.
«Si vous envoyez vos militaires en Ukraine pour qu’ils forment les combattants ukrainiens pour mieux cibler et tuer les Russes, bien sûr […] ils constitueront une cible légitime pour les forces armées russes», avait déclaré le porte-parole russe. «Que voulez-vous que l’on fasse : qu’on leur offre des cadeaux, qu’on leur envoie des bonbons ?» a-t-il insisté.
«Ce sont des propos scandaleux qui ne resteront pas sans conséquences», a réagi auprès de l’AFP Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères. «Le porte-parole a souligné que des discussions étaient en cours sur la réponse à apporter par Paris», a précisé l’AFP, qui avait interrogé Christophe Lemoine sur une éventuelle convocation d'un diplomate russe au Quai d'Orsay.
Le gouvernement français joue sur les mots
Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron déclare ne «pas exclure» l’envoi de troupes en Ukraine. Une perspective qui a semblé se préciser ces dernières semaines, malgré les mises en garde répétées de Moscou.
Selon l’agence Reuters, qui citait le 30 mai plusieurs sources diplomatiques, Paris pourrait annoncer début juin l'envoi de formateurs militaires en Ukraine. «Les arrangements sont très avancés», a déclaré l’une des sources de l’agence de presse. Citant ses propres sources, TF1/LCI estimait le 4 juin que cette annonce pourrait être faite ce 6 juin, potentiellement à l’occasion de l’interview du président français au journal télévisé de 20h.
S’il n’y aurait pas de projet d'envoi de «soldats», selon le chef du gouvernement français Gabriel Attal, interrogé sur France 2 ce 6 juin au matin, celui-ci a en revanche assuré qu’il n’y avait pas de question «taboue» concernant l’envoi d’«instructeurs». Des propos analogues à ceux d’Emmanuel Macron le 26 février, avant qu'il n'évoque le besoin d'une demande de Kiev.
Or, Volodymyr Zelensky, invité en France pour les commémorations du Débarquement de Normandie, sera le 7 juin à Paris pour évoquer «les besoins de l'Ukraine». Les présidents français et ukrainien assisteront à la cérémonie de signature de deux accords de 650 millions d'euros de prêts et de dons à l'Ukraine, en soutien aux infrastructures critiques énergétiques visées par la Russie, a déjà annoncé l'Élysée le 5 juin, sans évoquer pour l'heure d'autres annonces.