Le cacao atteint des sommets : des prix records en 2024 pour cette matière première
Les prix du cacao ont grimpé de près de 200% en 2024, atteignant un niveau record de 12 931 dollars la tonne le 18 décembre. Cette flambée est alimentée par des conditions météorologiques difficiles en Afrique de l’Ouest, entraînant des déficits de production, alors que la demande mondiale demeure croissante.
En 2024, le cacao est devenu la matière première la plus performante, progressant de 200% en un an et surpassant ainsi des actifs tels que le Bitcoin (+125%) ou encore l'indice S&P 500 (+25%). Selon Bloomberg, les prix des contrats à terme à New York ont presque triplé cette année, atteignant un sommet de 12 931 dollars la tonne le 18 décembre. Cette flambée est liée à la faiblesse des stocks mondiaux et à des déficits de production consécutifs en Afrique de l’Ouest, principal fournisseur de cacao.
Darin Newsom, analyste principal chez Barchart, l'un des principaux fournisseurs de données et de services de marché pour les secteurs des matières premières, a déclaré à MarketWatch le 22 décembre que «les conditions météorologiques défavorables en Côte d’Ivoire et au Ghana, combinées à la faiblesse des stocks», avaient créé «un environnement propice à la hausse des prix».
L’Afrique de l’Ouest au cœur des tensions
La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui produisent 55% du cacao mondial, continuent de faire face à des défis majeurs. Bien que les expéditions ivoiriennes aient augmenté de 33% cette saison, ce chiffre reste trompeur. Selon un rapport de Commerzbank relayé par Bloomberg le 21 décembre, cette hausse est due à une base de comparaison extrêmement faible après une récolte désastreuse en 2023.
L’Organisation internationale du cacao (ICCO) prévoit un déficit de 478 000 tonnes pour la saison 2023-2024, le plus important depuis 60 ans, a rapporté RFI dans une chronique publiée le 20 décembre. Les stocks mondiaux, qui couvrent actuellement environ trois à quatre mois de consommation, pourraient passer sous ce seuil critique d’ici février 2025, augmentant encore la pression sur les marchés.
Une demande toujours robuste
Malgré cette hausse significative, la demande mondiale de cacao reste forte. «Comme le café, le chocolat est une de ces choses auxquelles les consommateurs sont réticents à renoncer, même en période d’inflation», a déclaré le 22 décembre Jake Hanley, de Teucrium, à MarketWatch.
Cependant, certains chocolatiers adoptent des stratégies pour limiter les coûts. Bloomberg a indiqué le 21 décembre qu’ils exploraient des alternatives comme l’utilisation d’ingrédients moins coûteux, tels que l’huile de palme, bien que cela puisse affecter la qualité des produits.
Un avenir incertain
La faible liquidité des contrats à terme amplifie les fluctuations du cours de l'or brun. «Ce marché peut changer de direction à tout moment, et les acteurs qui ne peuvent pas refinancer leurs positions sont contraints de se retirer», a confié à l'agence américaine Vladimir Zientek, de StoneX Group.
Alors que le cacao atteint déjà des sommets historiques, les perspectives restent floues. James Roemer, éditeur de la lettre d’information WeatherWealth, a expliqué à MarketWatch que les vents chauds et secs de l'harmattan, associés aux conséquences du réchauffement climatique, menaçaient la «récolte intermédiaire» prévue pour le printemps 2025.
Malgré ces défis, certains experts envisagent une possible stabilisation des prix, à un niveau qui demeurera nettement supérieur à celui des années précédentes, uniquement si la demande venait à diminuer, bien que cela ne soit pas encore perceptible.