Trump confirme les taxes sur l'acier et l'aluminium : l'UE espère être exemptée, la Chine s'oppose
Donald Trump a confirmé l'entrée en vigueur d'ici fin mars de tarifs douaniers sur l'acier et sur l'aluminium, ouvrant la porte à des exemptions sous réserve de négociations. Si l'UE espère en profiter, la Chine a fait part de sa «ferme opposition».
Elu sur un programme aux forts accents protectionnistes, le président américain Donald Trump tient ses promesses. Le chef d'Etat a signé le 8 mars deux «proclamations» imposant des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, comme il l'avait annoncé quelques jours auparavant.
«Notre industrie a été ravagée, notre pays a subi un véritable assaut, nos ouvriers ont été trahis, mais c'est fini», a-t-il lancé au moment de signer les documents, soutenant que les Etats-Unis avaient été victimes pendant des décennies de pratiques commerciales qu'il a assimilées à une «agression».
Applicable d'ici deux semaines, cette nouvelle taxation devait initialement toucher tous les pays exportateurs d'acier et d'aluminium vers les Etats-Unis, mais Donald Trump a souligné la possibilité de rester «flexible». L'auteur de L'Art de la négociation (The art of the deal, Random House,1987)en a ainsi temporairement exempté le Canada et le Mexique, respectivement premier et quatrième exportateurs des deux matières aux Etats-Unis, sous réserve de la renégociation du traité de libre-échange Alena en des termes plus favorables à Washington.
La Maison Blanche a précisé que tous les pays concernés pourraient entamer des discussions avec les Etats-Unis pour négocier, eux aussi, une éventuelle exemption. «L'Amérique restera ouverte à la modification ou à la suppression des tarifs pour chaque pays, à condition que nous puissions convenir d'un moyen de garantir que leurs produits ne menacent plus notre sécurité», a ainsi déclaré Donald Trump. Auparavant, il avait expliqué avoir pris ces mesures pour protéger des industries jugées stratégiques pour le secteur de la Défense.
L'UE espère être exemptée, la Chine dénonce un «impact grave sur l'ordre commercial mondial»
L'Union européenne – qui avait menacé de contre-mesures par la voix de Jean-Claude Juncker provoquant une rapide escalade avec Donald Trump – semble avoir changé de stratégie, et vouloir saisir cette possibilité offerte par Donald Trump. Rappelant que le bloc était un «allié proche» des Etats-Unis, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, a en effet estimé que l'UE «devrait être exemptée» de ces taxes douanières. «Je vais demander plus de clarté sur cette question dans les jours à venir», a-t-elle écrit sur Twitter.
On tonight’s announcement - the EU is a close ally of the US and we continue to be of the view that the EU should be excluded from these measures. I will seek more clarity on this issue in the days to come. Looking forward to meeting USTR Lighthizer in Brussels on Sat to discuss.
— Cecilia Malmström (@MalmstromEU) 8 mars 2018
Une position que devrait adopter la France, dont le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a expliqué que toute réponse serait prise en concertation avec ses partenaires européens. Bruno Le Maire s'est ainsi contenté de faire part des regrets de Paris, soutenant qu'une guerre commerciale ne ferait «que des perdants».
La France regrette les annonces de @realDonaldTrump sur les tarifs sur l’aluminium et l’acier.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 8 mars 2018
Une guerre commerciale ne fera que des perdants.
Avec nos partenaires européens, nous allons évaluer les conséquences sur nos industries et les réponses à apporter.
Quelques jours plus tôt, le 2 mars, le ministre avait implicitement demandé aux Etats-Unis d'axer leurs mesures sur la Chine : «Il existe dans certains pays des pratiques de dumping et des subventions massives qui faussent le commerce mondial. Les autorités américaines le savent parfaitement, c'est ce sujet-là qui doit être traité et pas un autre.»
Bruno Le Maire désigne le dumping chinois
Premier producteur mondial d'acier et d'aluminium, mais ne représentant qu'une petite partie des importations américaines (2,7% du total pour l'acier et 9,7% pour l'aluminium), la Chine a de son côté fait part de sa «ferme opposition» aux droits de douane imposés par Donald Trump dans un communiqué publié par le ministère du Commerce dans la nuit du 8 au 9 mars. Pour Pékin, les raisons de sécurité invoquées par le président américain sont abusives et constituent
une attaque délibérée du système commercial multilatéral incarné par l'Organisation mondiale du commerce (OMC)
qui aura «certainement un impact grave sur l'ordre commercial mondial».
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a d'ailleurs assuré lors d'une conférence de presse que la Chine adopterait une «réponse appropriée et nécessaire» en cas de guerre commerciale avec les Etats-Unis. Donald Trump dont un des objectifs est de réduire le déficit commercial entre Washington et Pékin, compte d'ici fin mars lancer une offensive contre les vols de propriété intellectuelle et les transferts de technologie imposés par les Chinois pour accéder à leurs marchés.