Les paysans prêts à en découdre dans les négociations sur les prix du lait
- Avec AFP
Alors que commencent les négociations annuelles avec la grande distribution pour fixer les prix d’achat des produits agricoles, les producteurs de lait considèrent que la loi Alimentation n’est toujours pas appliquée.
Les éleveurs laitiers s'échauffent alors que vont débuter les négociations commerciales annuelles entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs. Ils redoutent de faire les frais de la course aux prix bas et craignent que les revalorisations obtenues l'an passé soient effacées en 2021 à l'issue des négociations qui vont se tenir jusqu'à fin février.
«On attend de façon très ferme les négociations», a prévenu lors d'une conférence de presse Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), association spécialisée de la FNSEA. Le secrétaire général du syndicat, Daniel Perrin, est allé plus loin en laissant planer la menace de manifestations. «S'il faut déconfiner les épandeurs à fumier pour se faire entendre, nous le ferons», a-t-il lancé.
Il visait plus particulièrement les coopératives qui collectent plus de la moitié du lait en France et n'ont, selon lui, pas joué le jeu de la loi Alimentation votée il y a deux ans et imposant que les prix tiennent compte des coûts de production.
Le Cniel, l'interprofession laitière qui rassemble producteurs, transformateurs et distributeurs, a estimé que les éleveurs laitiers devaient pouvoir se verser l'équivalent de deux Smic mensuels pour vivre correctement de leur métier. La FNPL a posé un «ultimatum» au 15 octobre aux coopératives, à charge pour elles de montrer qu'elles respectent la législation.
Les coopératives montrées du doigt
«On n'a pas attendu l'ultimatum de la FNPL pour se mettre en conformité», rétorque auprès de l'AFP Pascal Lebrun, secrétaire général de Coop de France métiers du lait, qui réunit les coopératives laitières. Evoquant un «faux procès», il concède que les coopératives ont eu jusqu'ici «plus de difficultés» à obtenir des revalorisations, du fait de leur importante implication dans la fourniture de produits vendus sous leur propre marque par la grande distribution (MDD), «qui ont moins bénéficié des hausses que les marques nationales».
«On va repartir au combat», promet Pascal Lebrun, également président d'Agrial, la plus grosse coopérative agricole française, alors que s’ouvrent les négociations annuelles avec la grande distribution. La loi Alimentation visait notamment à sortir d'un effet domino : la guerre des prix entre les acteurs de la distribution les pousse à réclamer des tarifs toujours plus bas auprès de leurs fournisseurs de l'industrie agroalimentaire, qui eux-mêmes achètent à leur tour le moins cher possible la matière première agricole.
Cette loi comportait deux dispositions phares pour une expérimentation de deux ans : l'encadrement des promotions et le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), imposant qu'un produit alimentaire soit revendu au moins 10% plus cher que le prix auquel il a été acheté. Selon l'enquête mensuelle de l'organisme FranceAgriMer, le prix standard du lait de vache conventionnel était en juillet 2020 de 326 euros les 1000 litres, soit 14 euros de moins qu'un an plus tôt.