Nord Stream 2 : les républicains accusent Biden d’être trop laxiste sur les sanctions
Le dernier rapport rendu par le nouveau département d’Etat des Etats-Unis sur les sanctions contre le projet de gazoduc ne comprend aucune nouvelle entité, alors que les travaux ont repris. Certains parlementaires y voient le signe d’un renoncement.
La nouvelle administration des Etats-Unis est-elle en train de renoncer à empêcher l’achèvement des travaux de construction du gazoduc sous-marin reliant la Russie à l’Allemagne ? C’est du moins ce dont l’accusent plusieurs républicains dont le sénateur du Texas Ted Cruz, membre de la commission des relations étrangères. Ce dernier a en effet vivement réagi à la publication, en fin de semaine dernière, par le département d’Etat de son rapport sur les sanctions visant Nord Stream 2.
«Le rapport du département d'Etat sur Nord Stream 2 est une abdication de la responsabilité juridique de l'administration Biden à imposer des sanctions votées par le Congrès […] et de la responsabilité du président de garantir le sécurité nationale des Etats-Unis », s’est emporté le sénateur sur sa page internet officielle.
Se référant à des «informations de suivi accessibles au public» Ted Cruz considère que «le président russe Poutine a relancé avec succès le projet [et que] l'administration Biden signale qu'elle est prête à laisser le pipeline être achevé avec des implications catastrophiques pour la sécurité nationale américaine et pour la sécurité énergétique [des] alliés européens».
Ses critiques ont été soutenues par le sénateur Jim Risch, président de la commission des relations étrangères du Sénat cité par l’agence Reuters et pour lequel «les informations de suivi maritime montrent clairement que des navires non couverts dans le rapport d’aujourd’hui participent activement à la construction du Nord Stream 2».
L’arrivée d’une infrastructure russe dans un pays de l’Otan met tous les membres de l’Alliance en danger
Les partisans de sanctions contre le projet de gazoduc se recrutent aussi parmi les démocrates. Le 12 février, la sénatrice Jeanne Shaheen, co-auteur avec Ted Cruz, de la loi 1441 sur la Protection de la sécurité énergétique de l’Europe écrivait sur sa page internet officielle : «L’arrivée d’une infrastructure russe dans un pays de l’Otan [l’Allemagne] mets tous les membres de l’alliance en danger.»
Un accord pour relancer le partenariat transatlantique ?
Le même jour, le porte-parole du département d'Etat Ned Price assurait lors d'un point presse que le président des Etats-Unis, avait répété qu’il considérait Nord Stream 2 comme «une mauvaise affaire pour l’Europe [parce qu’il divise l’Europe, et expose l’Ukraine et l’Europe centrale à la Russie, aux manipulations russes». Il avait toutefois ajouté sans autre précisions que les sanctions n'étaient pas «le seul outil».
A peu près au même moment, la presse internationale et notamment le Wall Street Journal et le Financial Times bruissait de rumeurs selon lesquelles la nouvelle administration serait à la recherche d’un accord avec le gouvernement allemand dans le cadre du renouvellement de son partenariat transatlantique.
Le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui représente un investissement de près de 10 milliards d’euros financé à parité par Gazprom, et quatre énergéticiens européens dont le Français Engie est achevé à plus de 90%. Il devrait doubler la capacité du pipeline existant de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Les deux gazoducs assureraient alors le transit de 70% des ventes de gaz russe vers l'Europe.