Agriculteurs en colère : vers une reprise de la mobilisation ?
Quelques mois après un mouvement de contestation agricole qui a marqué le début d'année en France ainsi qu'en Europe, les syndicats majoritaires du monde paysan menacent de reprendre les blocages à compter de la mi-novembre. Outre leur situation économique, les agriculteurs s’insurgent contre l’accord UE-Mercosur.
«On n'a plus envie de discuter. Tout a été expliqué. Pour avoir des revenus et des prix décents, il faut sortir de l’OMC». Le porte-parole de la Coordination Rurale Patrick Legras a fait valoir ce 24 octobre la colère de son syndicat sur le plateau de France Info.
🔴 « On n'a plus envie de discuter. Tout a été expliqué. Pour avoir des revenus et des prix décents, il faut sortir de l’OMC. On ne veut pas des aides, on ne veut pas l’aumône ; on veut des prix. » - @patrick_legras, Porte-parole de la Coordination Rurale, sur le plateau de… pic.twitter.com/VQdTOISOGB
— Coordination Rurale (@coordinationrur) October 24, 2024
Un sentiment partagé par les principales organisations agricoles, qui menacent de se mobiliser quelques mois seulement après la levée en France d'une mobilisation du secteur en faveur de meilleures rémunérations ainsi que la fin de la concurrence jugée déloyale des pays hors UE.
Des mobilisations prévues à partir du 15 novembre
La présidente de la Coordination Rurale, Véronique Le Floc’h a, de son côté, affirmé le 23 octobre sur BFM TV que les actions des agriculteurs qui se dérouleront à partir du 15 novembre «seront beaucoup plus marquantes».
Elle a par ailleurs fait savoir qu’elle était sortie «exaspérée» d’une réunion avec le Premier ministre Michel Barnier. Le ton était tout aussi rude du côté du syndicat majoritaire, la FNSEA. Sur RTL, le président du premier syndicat du secteur en France, Arnaud Rousseau, a menacé : «On est prêts à aller loin pour que nos revendications soient entendues en France ou à Bruxelles. Il faut être entendus, la volonté d’agir est forte !».
📻 Mobilisations agris sur @RTLFRANCE : 🎙️ "On est prêts à aller loin pour que nos revendications soient en entendu en France ou à Bruxelles. Il faut être entendus, La volonté d’agir est forte ! ", tonne Arnaud Rousseau (@rousseautrocy), invité d’ @amandine_begot ce matin sur… pic.twitter.com/k3WoAnMO6a
— La FNSEA (@FNSEA) October 23, 2024
Enfin le syndicat Jeunes Agriculteurs, très proche de la FNSEA, s’est également exprimé sur le sujet, appelant à la mobilisation par la voix de Quentin Le Guillous, son secrétaire général : «la détresse agricole est pire qu'elle ne l'était en janvier dernier».
L'accord UE-Mercosur en ligne de mire
Outre la précarité des agriculteurs et les faibles rémunérations, les revendications portent toujours sur l'accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, un ensemble d’Etats d’Amérique du sud. Edouard Legras, membre du comité de direction de la Coordination Rurale a ainsi fustigé le 24 octobre : «Concrètement, le Mercosur, pour les céréaliers, c’est des centaines de milliers de tonnes d’OGM qui rentrent en France, alors que nous n’avons pas le droit d’en produire».
La veille, c’est Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs qui réclamait : «une sortie du président de la République, très claire, sur le sujet du Mercosur».
Sur ce thème, la Confédération paysanne, le syndicat de la gauche agricole est également mobilisé, participant au «collectif national Stop Mercosur» qui a interpellé la ministre déléguée au Commerce Sophie Primas sur le réseau social X, la prévenant que «ratifier l'accord UE-Mercosur serait une brèche dans la confiance des Français en l'UE».
Cela fait des mois que nous alertons : il est certain @sophieprimas que "ratifier l'accord UE-Mercosur serait une brèche dans la confiance des FR en l'UE".
— Collectif national Stop Mercosur (@StopTAFTA) October 23, 2024
Mais quelle est votre stratégie pour bloquer & enterrer cet accord ? Parler à Paris et ne rien faire à Bruxelles ne va pas pic.twitter.com/lwFtzx35tq
Dans plusieurs département, la mobilisation agricole a déjà repris, c’est notamment le cas en Gironde et en Ariège.
Selon l’Insee, les agriculteurs non salariés gagnaient en moyenne 670 euros par mois en 2021 et 18% disposaient d’un revenu situé sous le seuil de pauvreté. La Mutuelle Sociale Agricole affirme de son côté que les personnes affiliées au régime agricole «ont un risque de mortalité par suicide supérieur de 43,2% à celui des assurés tous régimes de la même tranche d'âge».