Attente aux urgences : un patient sur deux attend plus de trois heures selon une étude

Les Français passent de plus en plus de temps aux urgences. Selon un rapport de la Drees, la durée moyenne d’attente en 2023 a dépassé trois heures, soit 45 minutes de plus qu’en 2013. Pour 15 % des patients, l’attente dépasse huit heures. Manque de lits, vieillissement de la population et accès limité aux soins aggravent la situation.
Ce 19 mars, la Drees a publié une étude alarmante sur l’évolution des délais d’attente dans les services des urgences en France. En 2023, la moitié des patients a attendu plus de trois heures avant d’être pris en charge ou de quitter le service, contre 2h15 en 2013. L’enquête, réalisée auprès de 719 services des urgences, montre une progression constante de ces délais au fil des années.
Le phénomène est encore plus frappant pour certains patients. 15 % d’entre eux passent plus de huit heures aux urgences, soit une nette augmentation par rapport aux 9 % enregistrés en 2013. Les personnes âgées de plus de 75 ans sont particulièrement concernées : 36 % d’entre elles y restent plus de huit heures, soit plus du double de la moyenne générale.
Pourquoi de telles attentes ?
L’une des principales raisons de cette saturation est la diminution de la capacité d’hospitalisation. En dix ans, 43 000 lits ont été supprimés, entraînant une difficulté croissante à hospitaliser les patients après leur passage aux urgences. Selon Les Échos, seuls 20 % des patients sont hospitalisés à la sortie des urgences en 2023, contre 23 % en 2013. Cette baisse s’explique notamment par une pénurie de lits d’aval, indispensables pour transférer les patients nécessitant une hospitalisation.
Autre facteur aggravant : le vieillissement de la population. Selon Franceinfo, les urgences accueillent de plus en plus de patients nécessitant des soins plus complexes et un suivi plus long, ce qui allonge encore davantage le temps passé dans ces services.
Enfin, la crise des urgences est accentuée par un manque d’accès aux soins de base. Sud-Ouest souligne que 21 % des patients déclarent s’être rendus aux urgences faute d’avoir pu obtenir un rendez-vous médical ailleurs, contre 13 % en 2013.
Un impact direct sur la santé des patients
L’allongement des délais d’attente n’est pas sans conséquences. Le Docteur Louis Soulat, vice-président de SAMU-Urgences de France, tire la sonnette d’alarme dans les colonnes de La Dépêche : «Nous savons que ces délais prolongés augmentent la mortalité des plus de 75 ans». Une étude publiée en novembre 2023 a révélé qu’une nuit passée sur un brancard aux urgences augmentait de 40 % le risque de mortalité chez cette catégorie de patients.
De plus, les conditions d’accueil se détériorent. BFMTV rapporte que certains patients passent des heures sur des brancards, faute de places disponibles dans les chambres d’hôpital. Un phénomène qui contribue à ce que certains médecins appellent «la maladie nosocomiale des urgences», c’est-à-dire un risque accru de complications et d’infections liées à l’attente prolongée dans ces services surchargés.
Une crise sans issue?
Malgré les promesses de réforme, la situation ne s’améliore pas. En 2022, près de 21 millions de passages aux urgences ont été enregistrés en France, selon Franceinfo, et la tendance est à la hausse.
En 2023, 8 % des points d’accueil d’urgences ont dû fermer temporairement, faute de personnel, et 23 % ont mis en place un accès restreint.
En 2022, le président Emmanuel Macron avait annoncé son objectif de désengorger les urgences d’ici fin 2024, mais la réalité du terrain montre que la crise persiste. Entre manque de personnel, suppression de lits et afflux croissant de patients, les urgences françaises continuent de fonctionner sous tension, avec des conséquences inquiétantes pour la qualité des soins.