Le RN traque ses «brebis galeuses» pour les législatives

Le RN engage une entreprise pour analyser les profils numériques de ses candidats aux législatives, visant à éviter les « brebis galeuses » après les scandales de 2024. Cette opération coûteuse répond à des critiques sur les propos racistes ou antisémites de certains membres. Le parti cherche à polir son image.
Le Rassemblement national (RN), dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella, anticipe une possible dissolution de l’Assemblée nationale en 2025 et intensifie ses efforts pour éviter les scandales liés à ses candidats aux législatives.
Le parti a engagé une entreprise spécialisée dans la réputation numérique pour analyser les profils en ligne de ses futurs candidats. Cette démarche, coûteuse, vise à éliminer les « brebis galeuses », expression utilisée par Bardella pour désigner les candidats ayant tenu des propos racistes, antisémites ou homophobes, souvent sur les réseaux sociaux, comme lors des législatives de 2024.
Une opération à plusieurs dizaines de milliers d'euros
Chaque analyse, facturée plusieurs centaines d’euros, concerne les 577 candidats potentiels, y compris les députés sortants, dans une stratégie de « renseignement de source ouverte » similaire à celle des cabinets de recrutement. Un conseiller de Bardella assume : « On met le paquet », pour éviter que des dérapages ne ternissent l’image du parti, déjà entachée par des affaires passées, comme les irrégularités financières au Parlement européen.
En 2024, une centaine de candidats RN avaient été épinglés pour des propos haineux, de la candidate posant avec une casquette nazie à une autre ayant participé à une prise d’otages en 1995. Ces scandales, relayés par des médias comme Libération et Mediapart, ont contribué à l’échec du RN à obtenir une majorité absolue, malgré un score en hausse.
Jordan Bardella, reconnaissant des « erreurs de casting », a promis des sanctions, mais seuls quelques candidats ont été désinvestis. La commission des conflits du parti a convoqué une trentaine de militants en septembre 2024, dont le député Daniel Grenon, exclu du groupe pour des propos racistes. Pourtant, selon Libération, près de 90 « brebis galeuses » restent membres du RN, dont une trentaine de parlementaires, ce qui fragilise la dédiabolisation prônée par Marine Le Pen depuis 2011.
Le coût élevé de cette opération, estimée à plusieurs dizaines de milliers d’euros, suscite des critiques internes, certains y voyant une tentative désespérée de polir l’image d’un parti toujours marqué par son passé sulfureux. Les révélations de 2024, amplifiées par des journalistes et des collectifs citoyens, ont montré la persistance de profils extrémistes, comme Caroline Parmentier, ex-rédactrice d’un journal antisémite, aujourd’hui députée.
Le RN espère ainsi mieux contrôler ses investitures pour 2025 mais la récurrence de ces polémiques interroge la profondeur de sa transformation.