France : quels sont les départements qui seront les plus touchés par les surtaxes américaines ?

Alors que de nouvelles hausses de droits de douane américains pourraient entrer en vigueur le 1er août, une note de l’Insee évalue l’exposition des territoires français à un éventuel choc commercial. Certains départements apparaissent particulièrement vulnérables.
À l’approche du 1er août, date butoir pour l’éventuelle mise en œuvre de nouvelles surtaxes américaines, les inquiétudes montent chez les partenaires européens, notamment en France.
Dans sa dernière note de conjoncture, publiée en juin, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s’est penché sur les conséquences possibles d’un tel choc pour les territoires français.
L’objectif de cette analyse est clair : « mesurer l’impact potentiel d’un choc commercial sur l’emploi, en identifiant les secteurs et les territoires les plus exposés », explique Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l’Insee.
Onze départements particulièrement sensibles
Parmi les 101 départements français, onze ressortent comme particulièrement sensibles. En tête : la Haute-Garonne, la Seine-et-Marne et les Hautes-Pyrénées, où les exportations de produits aéronautiques vers les États-Unis jouent un rôle central dans l’activité économique. À titre d’exemple, en Seine-et-Marne, les exportations vers les États-Unis ont atteint près de 6 milliards d’euros en 2024, dont plus de 70 % concernent l’aéronautique et le spatial, selon les données des douanes.
La Loire-Atlantique pourrait également subir les effets d’un durcissement commercial, en raison de sa forte spécialisation dans la construction navale. En 2024, plus d’un cinquième des exportations du département étaient destinées au marché américain, les industries navale et aéronautique représentant à elles seules les trois quarts de ces ventes.
La Drôme, le Bas-Rhin, la Seine-Maritime, la Somme et l’Eure figurent aussi parmi les zones à risque, notamment via la chimie ou la pharmacie.
Toutefois, l’Insee nuance l’interprétation de ces résultats. « Cela ne signifie pas que ce risque se matérialisera nécessairement par des pertes d’emplois », précise Dorian Roucher. Dans le secteur aéronautique, les industriels interrogés se disent peu inquiets à court terme, les chaînes d’approvisionnement étant longues et complexes à réorganiser.
L’économiste rappelle ainsi qu’en 2018, Boeing avait préféré s’acquitter des surtaxes plutôt que de changer de fournisseur, maintenant ainsi ses achats auprès du motoriste français Safran.
Inquiétude autour du cognac
En revanche, la situation suscite davantage d’inquiétude dans d’autres départements, comme la Charente, où la dépendance au marché américain est plus marquée. En 2024, près de 90 % des exportations vers les États-Unis concernaient le cognac, pour un montant supérieur à un milliard d’euros. Cette filière est également sous pression en raison de nouvelles mesures douanières chinoises visant les spiritueux, ce qui expose le territoire à un double risque commercial.
Au niveau national, cependant, l’Insee relativise la portée macroéconomique d’un choc commercial avec les États-Unis. « Le commerce bilatéral avec les États-Unis représente moins de 2 % du PIB français, contre près de 4 % pour l’Allemagne », indique Dorian Roucher. L’effet à long terme sur la valeur ajoutée industrielle serait modéré, estimé à -0,2 %.
Reste que ce choc tarifaire potentiel s’inscrit dans un contexte mondial instable. La note de conjoncture pointe en effet une série d’évolutions récentes : baisse du prix du pétrole, repli des marchés boursiers, tensions sur les obligations souveraines, dépréciation du dollar face à l’euro, et montée générale de l’incertitude économique. Autant d’éléments qui pourraient amplifier l’impact d’une nouvelle escalade commerciale entre l’Europe et les États-Unis.