Gel des évacuations de Gaza vers la France : un coup d’arrêt pour des dizaines de Gazaouis

Le gel des évacuations de Gaza vers la France, décidé le 1er août 2025, à la suite d’une polémique sur une étudiante gazaouie accusée d’antisémitisme, plonge des dizaines de Gazaouis dans la détresse. Cette mesure bloque des étudiants et des familles espérant fuir la guerre. Les Gazaouis en France craignent des vérifications discriminatoires.
Le 1er août 2025, la France a suspendu les évacuations de Gazaouis vers son territoire, plongeant de nombreuses personnes dans une profonde détresse. Cette décision, annoncée par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, fait suite à une polémique concernant Nour Attaalah, une étudiante gazaouie de 25 ans admise à Sciences Po Lille.
Des captures d’écran montrant des messages présumés antisémites, publiés sur ses réseaux sociaux, ont conduit à l’ouverture d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». L’étudiante, arrivée en France le 11 juillet grâce à une bourse gouvernementale, a été contrainte de quitter le territoire pour le Qatar.
Cette affaire a incité le Quai d’Orsay à geler les évacuations le temps de réexaminer les procédures et les profils des personnes déjà accueillies.
Une chasse aux Gazaouis sur la toile
Pour des Gazaouis comme Bilal, un jeune homme de 22 ans souhaitant poursuivre ses études de médecine à Paris, cette annonce est un coup dur. Après avoir réuni 8 500 euros pour son visa et trouvé un logement, il se retrouve bloqué à Gaza, dans un contexte de guerre, de famine et de destructions, rapporte France Info.
Dans une lettre adressée aux autorités françaises, il implore une reconsidération : « Je vous écris affamé, en danger, épuisé et brisé moralement. […] S’il vous plaît, ne laissez pas notre espoir mourir ici. » D’autres, déjà en France, vivent dans la peur de nouvelles vérifications de leurs profils, redoutant des représailles.
« Mes messages désespérés seront-ils utilisés contre moi ? » s’inquiète l’un d’eux, anonymement. Cette méfiance s’accompagne d’une paranoïa croissante, certains préférant se taire sur les réseaux sociaux pour éviter tout problème. La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre 2023, a aggravé la crise humanitaire à Gaza. Les bombardements incessants, le blocus et la destruction des infrastructures ont rendu la situation invivable.
Échapper à l’enfer
Les évacuations vers la France, notamment pour des étudiants boursiers ou des familles, représentaient une lueur d’espoir pour échapper à cet « enfer ». Depuis juillet 2024, 37 Gazaouis, majoritairement des étudiants et des familles, avaient été accueillis à Roissy. Cependant, le gel des évacuations compromet ces perspectives, laissant des dizaines de personnes dans l’incertitude.
Arthur Delaporte, porte-parole du Parti socialiste, dénonce une mesure « absurde » qui sacrifie l’humanitaire pour des raisons politiques. À l’inverse, des voix comme celle de Julien Odoul (Rassemblement national) pointent un laxisme dans les contrôles, accusant une « idéologie pro-palestinienne ».
Pendant ce temps, la France maintient son aide humanitaire, avec quatre largages de 10 tonnes de vivres prévus le 1er août, jugés insuffisants face à l’ampleur de la crise. Pour les Gazaouis, l’attente d’une issue, que ce soit à Gaza ou en exil, reste un calvaire, marqué par la peur et l’espoir déçu.