François Hollande presse Lecornu à un compromis avec le PS sous peine de censure

Dans un entretien au Figaro, François Hollande exhorte Sébastien Lecornu à négocier avec le PS pour éviter une censure sur le budget. Sans compromis, l’ancien président juge la dissolution inévitable, soulignant l’urgence d’une nouvelle politique fiscale et sociale.
François Hollande, ancien président de la République (2012-2017) et député socialiste de Corrèze, a mis en garde le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, dans un entretien exclusif accordé au Figaro. Selon lui, l’avenir de la législature repose sur la capacité du chef du gouvernement à rompre avec la politique macroniste et à trouver un compromis avec le Parti socialiste (PS), dont le groupe parlementaire, fort d’environ 70 membres, est un acteur clé à l’Assemblée nationale.
Si Sébastien Lecornu échouait à nouer un compromis, je ne vois pas d’autre option que la dissolution.
— François Hollande (@fhollande) September 14, 2025
Mon interview à lire dans @Le_Figaro https://t.co/E5GTc1gJxO
Sans accord, Hollande n’exclut pas une dissolution de l’Assemblée, une issue qu’il juge cependant néfaste, risquant de prolonger la fragmentation politique et de renforcer le Rassemblement national.
Éviter la motion de censure et accroître la pression fiscale sur le capital et les entreprises
Hollande insiste sur des exigences claires pour éviter une motion de censure contre le budget. Il appelle à une taxation des grandes fortunes, qu’il considère comme une « nécessité budgétaire et une exigence morale ». Il propose plusieurs options, comme une taxe sur le patrimoine immobilier et mobilier, ou une augmentation de la « flat tax » sur les revenus du capital, tout en évitant de faire de la « taxe Zucman » un totem. Par ailleurs, il demande une contribution des entreprises, qui ont bénéficié de baisses d’impôts et d’aides massives pendant la crise sanitaire. La protection des revenus modestes, via l’indexation des petites retraites et la préservation du pouvoir d’achat, ainsi que l’abandon du doublement des franchises médicales, sont également des priorités.
L’ancien président salue le recul de Sébastien Lecornu sur la suppression de deux jours fériés, mais juge cette mesure insuffisante et l’invite, comme il a déjà pu le faire au micro de BFM TV, à dialoguer avec les socialistes.
Nous ne sommes pas dans une crise de régime, nos institutions tiennent. La crise est politique. Le premier ministre doit changer l’orientation suivie depuis plusieurs années, et doit le faire en dialoguant avec les socialistes.
— François Hollande (@fhollande) September 14, 2025
pic.twitter.com/p6uifH0R4s
Pour l’heure, il semble que le nouveau Premier ministre bénéficie d’un certain état de grâce dans l’opinion qui a majoritairement bien accueilli sa nomination.
Concernant la réforme des retraites, il propose de suspendre son application en 2026 et le report du débat à la campagne présidentielle de 2027. Quant à l’instabilité politique et à la récente dégradation de la note de la France par Fitch, Hollande en attribue la responsabilité à la politique d’Emmanuel Macron, marquée par une perte de recettes fiscales et une mauvaise maîtrise des dépenses.
Pour François Hollande, le PS doit jouer un rôle central dans les négociations, tout en refusant toute coalition avec le gouvernement. L'ancien président appelle à un dialogue avec les syndicats pour intégrer leurs revendications dans le budget, afin d’éviter un mouvement social. Alors que la crise politique persiste, il insiste sur la nécessité d’une recomposition politique d’ici à 2027, plaidant pour un grand rassemblement socialiste et excluant toute alliance avec La France insoumise.