Tri des migrants : pour Collomb, la France ne pourra «pas donner un avenir à tout le monde»
Alors que le futur projet de loi sur l’immigration suscite toujours les critiques au sein de nombreuses associations, Gérard Collomb a déclaré qu’il était contraint de trier les migrants en raison de leur nombre et de leur coût.
Interrogé le 11 février sur la politique migratoire du gouvernement dans l’émission Questions politiques sur France Inter/Francetvinfo/Le Monde, Gérard Collomb a estimé que la France ne pouvait plus accueillir davantage de migrants qu’elle n’en accueille actuellement.
«Je ne me donne pas de chiffre [sur le nombre d'étrangers à expulser]. Mais je ne peux pas faire en sorte que d'année en année, on ait une augmentation de manière exponentielle. L'année dernière, on a eu 100 000 demandes d'asile, c'était +7% par rapport à l'année précédente qui elle-même était en augmentation de +23% par rapport à l'année précédente», a déclaré le ministre de l'Intérieur.
#Immigration : Gérard #Collomb en aurait «marre de passer pour le #facho de service»
— RT France (@RTenfrancais) December 26, 2017
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Pour justifier la volonté affichée du gouvernement de réduire le nombre de migrants accueillis sur territoire français, il a rappelé que le coût annuel du dispositif d’asile et des centres d’hébergement d’urgence était de deux milliards d’euros chacun. «On ne peut faire de manière exponentielle un accueil vis-à-vis de tout le monde, comme un certain nombre de gens le voudraient. Ils disent "on n'a pas besoin de faire un tri, on ne doit pas choisir entre ceux qui ont besoin de l'asile et les migrants économiques". Si ! On est obligé de le faire parce qu'à un moment donné, nous ne pourrons pas donner un avenir à tout le monde», a-t-il ajouté.
Le recensement dans les centres d’hébergement d’urgence au milieu de la controverse
Décriée par les associations et une partie de la classe politique française, la circulaire sur le recensement des réfugiés et migrants dans les centres d’hébergement a été, à cette occasion, une nouvelle fois farouchement défendue par le locataire de la place Beauvau. Ce dernier a justifié cette mesure en soulignant qu’en dehors «des réfugiés qui mériteraient de sortir de ces centres» et des «déboutés du droit d'asile [...] qui auraient dû être éloignés», existent également des «gens qui sont dans le "ni-ni" parce qu'on n'a pas fait ce qu'il fallait dans les années passées et on a stocké des gens qui ne sont ni acceptés ici et qu'on ne peut pas éloigner non plus».
Un argument qui est loin de convaincre l’ensemble des associations qui militent pour la défense des migrants. 26 d’entre-elles ont même décidé le 11 janvier dernier de saisir le Conseil d’Etat dans le but d'obtenir la suspension de la circulaire. Une action menée alors quelques heures seulement avant leur rencontre à Matignon avec le Premier ministre Edouard Philippe pour aborder le futur projet de loi Asile et Immigration qui sera présenté le 21 février en conseil des ministres.