Interrogatoire d'Alexandre Benalla : quelles nouvelles révélations ?
Le Monde a pris connaissance des détails du long interrogatoire de l'ancien collaborateur de l'Elysée qui a eu lieu le 5 octobre. Outre l'attitude décontractée de l'intéressé, des éléments troublants retiennent l'attention.
Au cours d'un interrogatoire qui aura duré neuf heures le 5 octobre et dont le journal Le Monde a pris connaissance, Alexandre Benalla a été à l'origine de quelques nouvelles révélations sur l'affaire qui a embarrassé le sommet de l'Etat au cours de l'été.
Sans se départir de l'attitude dégagée que les Français lui connaissent depuis ses premières prises de parole publiques, Alexandre Benalla a notamment estimé, selon Le Monde, qu'il aurait vu d'un bon œil qu'on lui décernât une médaille pour son action place de la Contrescarpe le 1er mai. Une «forfanterie» selon le quotidien qui souligne que l'ancien conseiller de l'Elysée n'a eu de cesse de plaider l'innocence au cours de l'interrogatoire.
Sans surprise, selon les informations du Monde, Alexandre Benalla a principalement rejeté toute responsabilité à propos de sa présence et de ses agissements sur la place de la Contrescarpe ce jour-là, mais n'a pas cherché, au contraire, à innocenter sa hiérarchie, notamment son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, ni son compère Vincent Crase.
Plus intéressant peut-être, l'ancien collaborateur de l'Elysée a décrit aux juges une scène étonnante ; durant sa garde à vue au mois de juillet, alors qu’il consultait son téléphone professionnel en compagnie des policiers, certains messages auraient semblé être effacés à distance : «On a pu constater que des SMS disparaissaient au fur et à mesure. La date apparaissant sur le téléphone a même changé, il était noté 1970», a ainsi assuré Alexandre Benalla. Et le journal qui a révélé toute l'affaire de spéculer : «S’agissait-il d’une prise de contrôle à distance depuis le Palais ?»
Les magistrats ont ensuite demandé le code d'accès à certaines fonctions d'administration, ce à quoi l'interrogé à répondu : «S’il y a des codes qui ne fonctionnent plus, il faut s’adresser à l’Elysée, ils ont dû changer les codes à distance. Le seul à même de vous répondre c’est le général Bio-Farina [le patron du commandement militaire], c’est le point de contact avec la justice.»
Pour ce qui est de l'origine du coup médiatique qu'il a reçu en même temps qu'Emmanuel Macron et qui a ébranlé tout le gouvernement, Alexandre Benalla a envisagé une piste qu'il a livré aux juges. Selon lui, il faudrait chercher du côté d'un des auteurs des vidéos, en l'occurrence Taha Bouhafs. Ce dernier n'est pas nommé, mais Alexandre Benalla aurait évoqué un militant de la France Insoumise.
Plutôt que de confirmer ou d'infirmer les très nombreuses révélations qui ont été faites sur son train de vie et ses moindres faits et gestes depuis le début de l'affaire, l'ancien proche d'Emmanuel Macron a préféré ironiser : «On me prête beaucoup de déclarations, on dit même que j’ai rencontré Alexandre Djouhri, on dit que j’ai un appartement de 300 mètres carrés, que je gagne 10 000 euros, que j’ai les codes nucléaires, que je suis en relation avec des terroristes. Donc je ne commente pas les organes de presse et tout ce qui peut être diffusé par eux.»
En revanche, sur l'affaire de la perquisition de son appartement d'Issy-les-Moulineaux et du déplacement du coffre contenant ses armes à feu, malgré la demande d’une partie civile d’élargir l’enquête aux faits de dissimulation de preuve, les juges n'ont posé aucune question car le parquet de Paris a décidé de ne pas donner suite.
C'est ce même parquet de Paris auquel le procureur sur le départ, François Molins, a demandé de se dessaisir de la procédure visant La France insoumise dans l'affaire des comptes de campagne. Selon le procureur, les magistrats du parquet de Paris ayant été pris à partie lors de ces perquisitions, il était préférable de confier l'enquête à la Brigade de répression de délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne... «dans un souci d'impartialité».