«C’était toi le renoi» : aux César, le discours «antiraciste» de l'actrice Aïssa Maïga fait un bide
Lors de la 45e cérémonie des César ce 28 février, la comédienne Aïssa Maïga a prononcé un discours sur le manque de diversité dans le cinéma, qui a suscité l'incompréhension de la salle comme de nombreux internautes.
Ni la salle, ni les internautes n'ont été convaincus. La comédienne Aïssa Maïga était invitée à remettre le prix du meilleur espoir féminin, ce 28 février, lors de la 45e cérémonie des César. Après la tribune signée par 400 personnalités dans Le Monde pour dénoncer le fonctionnement de l’Académie, l’actrice de 44 ans a choisi de faire son discours sur le thème de la diversité dans le cinéma français. «A chaque fois que je me retrouve comme ça, dans une grande réunion du métier, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle», a d'abord lancé l'actrice, avant de s'adresser à Vincent Cassel. «C’était toi le renoi du cinéma français avant la diversité ! Je te mets dans le quota, ça te va ou pas ?», lui a-t-elle demandé, l'acteur de La Haine restant pour le moins circonspect.
«On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménages à l’accent bwana, on a survécu aux rôles de terroristes, à tous les rôles de filles hypersexualisées... Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille», a ensuite déclaré Aïssa Maïga.
«On est une famille, on se dit tout, non ? Vous tous qui n’êtes pas impactés par les questions liées à l’invisibilité, aux stéréotypes ou à la question de la couleur de la peau... la bonne nouvelle, c’est que ça ne va pas se faire sans vous. Pensez inclusion. Ce qui se joue dans le cinéma français ne concerne pas que notre milieu hyper privilégié, cela concerne toute la société, n’est-ce pas monsieur qui est sur votre téléphone portable là ? », a-t-elle ajouté.
"On est une famille, on se dit tout non ?" : @AissaMaiga, présidente des collectifs 50/50 et Noire n'est pas mon métier.
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Les internautes agacés
Ce discours a suscité l'incompréhension de la salle, mais aussi de nombreux internautes. «Je ne comprends pas trop ce discours : elle se plaint que les Noirs aient été confinés à des rôles de voyous et de délinquants au cinéma, puis appelle Cassel "renoi" psk il a joué un voyou dans la Haine», a tweeté la journaliste du Figaro Eugénie Bastié.
Je ne comprends pas trop ce discours: elle se plaint que les noirs aient été confinés à des rôles de voyous et de délinquants au cinéma, puis appelle Cassel "renoi" psk il a joué un voyou dans la Haine 🤡 🤷♀️ https://t.co/8umlsldTX9
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) February 29, 2020
«Et le César du plus gros malaise revient sans conteste à Aïssa Maïga pour sa leçon de morale ni drôle, ni subtile. Même Vincent Cassel est gêné...», a de son côté écrit le journaliste Paul Sugy.
Et le César du plus gros malaise revient sans conteste à Aïssa Maïga pour sa leçon de morale ni drôle, ni subtile. Même Vincent Cassel est gêné... #Cesar2020
— Paul Sugy (@PaulSugy) February 28, 2020
«Si on pouvait promouvoir systématiquement les gens pour leur talent et non pour leur appartenance à une ethnie, nous n’aurions pas assisté hier à ce bide monumentale. Aïssa Maïga est à elle toute seule représentative de l’un des maux de notre époque», a écrit Kevin Bossuet, professeur d'histoire.
Si on pouvait promouvoir systématiquement les gens pour leur #talent et non pour leur appartenance à une éthnie, nous n’aurions pas assisté hier à ce bide monumentale. #AïssaMaïga est à elle toute seule représentative de l’un des maux de notre époque. pic.twitter.com/XKqUbO0ucp
— Kevin Bossuet (@kevinbossuet) February 29, 2020
«Compter les Noirs dans la salle ? Quelle est donc cette énorme connerie proférée sans un soupçon de honte par Aïssa Maïga ! Perso, j’ai super honte. Quelle manque d’élégance !», s'est indignée la cofondatrice du mouvement Sens Commun Marie-Fatima Hutin.
Compter les noirs dans la salle ? Quelle est donc cette énorme connerie proférée sans un soupçon de honte par #aïssamaïga ! Perso, j’ai super honte. Quelle manque d’élégance ! #César2020#JesuisnoireETconsternée#Stopàlavictimisation#Ausecourshttps://t.co/ZbUoDM8W1h
— Marie Fatima Hutin (@MF_Hutin) February 28, 2020
Au sein de la classe politique, certaines personnalités se sont montrées beaucoup plus virulentes, c'est le cas de l'ex-ministre Nadine Morano. «Si vous n’êtes pas contente de voir autant de Blancs en France, mais repartez en Afrique ! Y-a-t-il 50% de Blancs dans les films africains ?», a questionné la membre du parti Les Républicains, suscitant de nombreuses réactions.
« on est de la même famille, on se dit tout » dit @AissaMaiga. Très Bien, Si vous n’êtes pas contente de voir autant de blancs en France, mais repartez en Afrique ! Y-a-t-il 50% de blancs dans les films africains ? pic.twitter.com/1VV1UWLjQC
— Nadine Morano (@nadine__morano) February 29, 2020
Certains ont toutefois apprécié le discours de cette actrice, comme la militante Rokhaya Diallo qui évoque «un puissant plaidoyer d'Aïssa Maïga pour que la "grande famille" du cinéma soit enfin inclusive !»
«On a survécu au whitewashing, aux blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménage à l’accent bwana, aux rôles de terroristes, de filles hypersexualisées....» puissant plaidoyer d @AissaMaiga pour que la «grande famille» du cinéma soit enfin inclusive! #Cesar2020https://t.co/mZJgSWqY8k
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) February 28, 2020
Aux Etats-Unis, lors de la cérémonie des Golden Globes, Joaquin Phoenix, sacré sans surprise meilleur acteur pour son rôle dans Joker lors des BAFTA, a lui profité de sa tribune pour tenir un discours similaire sur sur le manque de diversité dans les nominations. «Nous envoyons un message très clair aux personnes de couleur, à savoir que vous n'êtes pas les bienvenus ici», a-t-il affirmé, ajoutant avoir «honte de dire que je fais partie du problème. Je n’ai pas tout fait pour que les tournages sur lesquels j’ai travaillé soient aussi diversifiés que possible».