«Insuffisance des moyens» : le Conseil d'Etat saisi par une «coalition inédite» du monde médical
Imputant au gouvernement le manque de matériel nécessaire et l'absence de mesures fortes destinées à appuyer le personnel soignant, des organisations du monde médical annoncent saisir le Conseil d'Etat avec une requête en «référé mesures utiles».
Plusieurs syndicats et collectifs du milieu médical (Collectif Inter Hôpitaux, Collectif Inter Urgence, Syndicat CNI, Act'Up Paris, Association de défense des libertés constitutionnelles, Observatoire de transparence dans la politique du médicament) annoncent dans un communiqué publié le 30 mars saisir le Conseil d'Etat avec une requête en «référé mesures utiles», pour demander des réquisitions nécessaires face à la pénurie de matériel et de médicaments.
Une démarche annoncée deux jours après le rejet par la même institution de plusieurs recours déjà déposés par des syndicats de soignants contre le gouvernement français.
🔴COVID-19: Une coalition inédite, @actupparis, ADELICO, @CollectInterHop, @InterUrg, @CniSyndicat & @OTMeds, saisit aujourd'hui le Conseil d'État pour demander, au nom du droit à la dignité humaine, des réquisitions nécessaires face à la pénurie de matériel et de médicaments🔴⬇️ pic.twitter.com/AO85FHEgq5
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) March 30, 2020
A l'initiative de la démarche, la «coalition inédite» déplore dans son texte «l’insuffisance des moyens disponibles sur le terrain» pour lutter contre le CoviD-19, ainsi listés : «masques, tests, équipements, médicaments essentiels pour assurer la prise en charge des personnes malades, y compris des médicaments de réanimation et de soins palliatifs nécessaires pour assurer la dignité des personnes.»
Le gouvernement est épinglé à plusieurs reprises pour ne pas avoir pris «les mesures fortes» destinées à appuyer le corps médical face à la pandémie.
Les organisations signataires du communiqué estiment par exemple qu'il est «indispensable de mettre en place des mesures pour que la production industrielle s'adapte à la "guerre sanitaire" déclarée, et donne aux hôpitaux les moyens d’effectuer leurs missions dans des conditions nécessaires en termes de sécurité pour les patients et les soignants». En outre, les auteurs du texte déplorent le fait que «les personnels étaient déjà en nombre insuffisant avant la crise, ce qui avait conduit à fermer de très nombreux lits, aujourd’hui rouverts en catastrophe devant l’urgence et la gravité de la situation».
«Aujourd’hui, compte-tenu de l’extrême urgence de la situation, seules des actions fortes comme des réquisitions, prises sans tarder, pourraient permettre d’éviter un drame et un scandale sanitaire majeur à notre pays», conclut le communiqué.
Selon le dernier bilan officiel, daté du 30 mars au soir, 3 024 personnes ont perdu la vie en France des suites du coronavirus. Le nombre total de personnes hospitalisées est désormais proche de 21 000 dont un très fort afflux de cas lourds en réanimation, où se trouvent à ce jour 5 056 patients.